rient a mille aspects, et l'un d'eux est aujourd'hui la
question albanaise; les autres problemes souleves par les guerres
balkaniques ne sont peut-etre pas resolus, mais toutefois leur solution
definitive ou provisoire parait reportee a quelques annees; ils vont
sommeiller jusqu'a la prochaine crise; la question albanaise est au
contraire pressante, aigue, et de bons esprits croient que sa
liquidation n'ira pas sans trouble, ni sans imprevu.
Je voudrais, en quelques pages, montrer comment cette question se pose
en 1914, quels sont ses origines, ses elements, et quels essais de
solution pourraient lui etre apportes.
* * * * *
On dit communement en France que l'Albanie est le fruit d'une invention
diplomatique de l'Autriche-Hongrie, que l'Europe divisee a laisse faire
celle-ci pour maintenir le concert des grandes puissances et que Vienne
n'a vu dans cette creation qu'un moyen de garder une partie de
l'influence qu'elle exercait dans les Balkans. L'Autriche-Hongrie serait
ainsi l'auteur responsable de la question albanaise.
Pour bien juger les faits, il faut faire le depart entre les difficultes
dont la diplomatie du _Ballplatz_ est l'origine et celles qui tiennent a
la nature des choses, je veux dire a l'existence d'une nationalite
albanaise. Des esprits simplistes s'imaginent que si l'on avait laisse
aller les evenements, si la Serbie, le Montenegro et la Grece avaient pu
en toute liberte se partager l'Albanie, le depecage d'une nouvelle
Pologne aurait ete accompli sans consequences internationales. C'est
compter sans son hote; pour la tranquillite future et l'avenir
economique de ces trois Etats balkaniques, dont je desire vivement la
prosperite et la grandeur, je me felicite qu'une circonstance etrangere
les ait delivres de ce present de Nessus.
Je sais bien que Serbes, Grecs ou Montenegrins ne veulent pas entendre
raison, quand j'ai l'occasion de dire a l'un d'entre eux cette verite,
et je les en excuse: pendant trop d'annees, ils ont trop souffert de la
domination de fait des Albanais et des beys; au moment ou ils allaient
enfin les traiter comme eux-memes l'avaient ete, on arrete leurs bras et
on contient leur vengeance depuis si longtemps motivee. J'ai vu la
situation dans les villages a la veille des guerres balkaniques, et je
n'ignore rien des sentiments trop facilement explicables des chretiens
orthodoxes. Mais il ne s'agit point ici de sentiments. C'est l'avenir et
le d
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