que vous avez entendu? Je disais a une
personne que vous n'avez pas meme pu apercevoir: "Vous etes maintenant mon
seul amour sur la terre?"
--J'ai donc reve cela, Therese! Je suis pret a le croire, si vous me
l'ordonnez.
--Non, vous n'avez pas reve. J'ai pu, j'ai du dire cela. Et que m'a-t-on
repondu?
--Rien que j'aie entendu, dit Laurent, sur qui la reponse de Therese fit
l'effet d'une douche froide, pas meme le son de sa voix. Etes-vous
rassuree?
--Non! je vous interroge encore. A qui supposez-vous que je parlais ainsi?
--Je ne suppose rien. Je ne sache que M. Palmer avec qui vos relations ne
soient pas connues.
--Ah! s'ecria Therese d'un air de satisfaction etrange, vous pensez que
c'etait M. Palmer?
--Pourquoi ne serait-ce pas lui? Est-ce une injure a vous faire que de
supposer une ancienne liaison tout a coup renouee? Je sais que vos
rapports avec tous ceux que je vois chez vous depuis trois mois sont aussi
desinteresses de leur part, et aussi indifferents de la votre, que ceux
que j'ai moi-meme avec vous. M. Palmer est tres-beau, et ses manieres sont
d'un galant homme. Il m'est tres-sympathique. Je n'ai ni le droit ni la
presomption de vous demander compte de vos sentiments particuliers.
Seulement... vous allez dire que je vous ai espionnee...
--Oui, au fait, dit Therese, qui ne parut pas songer a nier la moindre
chose, pourquoi m'espionniez-vous? Cela me parait mal, bien que je n'y
comprenne rien. Expliquez-moi cette fantaisie.
--Therese! repondit vivement le jeune homme, resolu a se debarrasser d'un
reste de souffrance, dites-moi que vous avez un amant, et que cet amant
est Palmer, et je vous aimerai veritablement, je vous parlerai avec une
ingenuite complete. Je vous demanderai pardon d'un acces de folie, et vous
n'aurez jamais un reproche a me faire. Voyons, voulez-vous que je sois
votre ami? Malgre mes forfanteries, je sens que j'ai besoin de l'etre et
que j'en suis capable. Soyez franche avec moi, voila tout ce que je vous
demande!
--Mon cher enfant, repondit Therese, vous me parlez comme a une coquette
qui essayerait de vous retenir pres d'elle, et qui aurait une faute a
confesser. Je ne peux pas accepter cette situation; elle ne me convient
nullement. M. Palmer n'est et ne sera jamais pour moi qu'un ami fort
estimable, avec qui je ne vais meme pas jusqu'a l'intimite, et que j'avais
depuis longtemps perdu de vue. Voila ce que je dois vous dire, mais rien
au dela. Mes secrets, si j'en
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