nant avec
plusieurs notables personnages leur raconta les propos qu'il avoit tenus a
ce prescheur. La dessus on appelle le docteur Philippe, assis a table
aupres de Grynee, lequel sort du poisle, et trouve un honorable vieillard,
beau de visage, honorablement habille, inconnu, qui de parole grave et
amiable, commence a dire que dedans l'heure d'alors arriveroyent en
l'hostellerie des officiers envoyez de la part du roy des Romains, pour
mener Grynee en prison. Le vieillard adjouste en commandement a Grynee de
desloger promptement hors de Spire, exhortant Philippe a ne differer
davantage. Et sur ce le vieillard disparoit. Le docteur Philippe, lequel
raconte l'histoire en son _Commentaire sur le prophete Daniel_, chapitre
dixiesme, adjouste ces mots: Je revin vers la compagnie, je leur commande
de sortir de table, racontant ce que le vieillard m'avoit dit. Soudain nous
traversons la grande place ayant Grynee au milieu de nous, et allons droict
au Rhin, que Grynee passe promptement avec son serviteur dedans un esquif.
Le voyans a sauvete, nous retournons a l'hostellerie, ou l'on nous dit
qu'incontinent apres nostre depart, les sergens estoyent venus cercher
Grynee."
[Note 1: _Thresor d'histoires admirables_, t. I, p. 129.]
Andre Honsdorf[1] raconte l'histoire suivante de l'apparition d'un ange a
une pauvre femme:
[Note 1: En son _Theatre d'exemples_, cite par Goulart dans son
_Thresor d'histoires admirables_, t. I, p. 130.]
"L'an 1539, au commencement de juin, une honneste femme veufve, chargee de
deux fils, au pays de Saxe, n'ayant de quoi vivre en un temps de griefve
famine, se vestit de ses meilleurs habits, et ses deux fils aussi, prenant
son chemin vers certaine fontaine, pour y prier Dieu qu'il lui pleust avoir
pitie d'eux pour les soulager. En sortant, elle rencontre un homme
honorable, qui la salue doucement, et apres quelques propos, lui demande si
elle pensoit trouver a manger vers cette fontaine? La femme respond: Rien
n'est impossible a Dieu. S'il ne lui a point este difficile de nourrir du
ciel par l'espace de quarante ans au desert les enfans d'Israel, lui
seroit-il malaise de sustanter moi et les miens avec de l'eau? Disant ces
paroles, de grand courage et d'un visage asseure, ce personnage (lequel
j'estime avoir este un sainct ange) lui dit: Voici, puisque tu as une foy
si constante, retourne et rentre en ta maison, tu y trouveras trois charges
de farine. Elle revenue chez soy, vid l'effe
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