t comme un lapin, les salauds, et ils m'ont cache la tete dans un
sac. Mais si je les tate un jour, gare a eux!"
* * * * *
Et voila comment on s'amuse, les jours de noce, au pays normand.
LES SABOTS
_A Leon Fontaine._
Le vieux cure bredouillait les derniers mots de son sermon au-dessus des
bonnets blancs des paysannes et des cheveux rudes ou pommades des
paysans. Les grands paniers des fermieres venues de loin pour la messe
etaient poses a terre a cote d'elles; et la lourde chaleur d'un jour de
juillet degageait de tout le monde une odeur de betail, un fumet de
troupeau. Les voix des coqs entraient par la grande porte ouverte, et
aussi les meuglements des vaches couchees dans un champ voisin. Parfois
un souffle d'air charge d'aromes des champs s'engouffrait sous le
portail et, en soulevant sur son passage les longs rubans des coiffures,
il allait faire vaciller sur l'autel les petites flammes jaunes au bout
des cierges... "Comme le desire le bon Dieu. Ainsi soit-il!" prononcait
le pretre. Puis il se tut, ouvrit un livre et se mit, comme chaque
semaine, a recommander a ses ouailles les petites affaires intimes de la
commune. C'etait un vieux homme a cheveux blancs qui administrait la
paroisse depuis bientot quarante ans, et le prone lui servait pour
communiquer familierement avec tout son monde.
Il reprit: "Je recommande a vos prieres Desire Vallin, qu'est bien
malade et aussi la Paumelle qui ne se remet pas vite de ses couches."
Il ne savait plus; il cherchait les bouts de papier poses dans un
breviaire. Il en retrouva deux enfin, et continua: "Il ne faut pas que
les garcons et les filles viennent comme ca, le soir, dans le cimetiere,
ou bien je previendrai le garde champetre.--M. Cesaire Omont voudrait
bien trouver une jeune fille honnete comme servante." Il reflechit
encore quelques secondes, puis ajouta: "C'est tout, mes freres, c'est la
grace que je vous souhaite au nom du Pere, et du Fils, et du
Saint-Esprit."
Et il descendit de la chaire pour terminer sa messe.
* * * * *
Quand les Malandain furent rentres dans leur chaumiere, la derniere du
hameau de la Sabliere, sur la route de Fourville, le pere, un vieux
petit paysan sec et ride, s'assit devant la table, pendant que sa femme
decrochait la marmite et que sa fille Adelaide prenait dans le buffet
les verres et les assiettes, et il dit: "Ca s'rait p'tetre bon, c'te
place
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