FREE BOOKS

Author's List




PREV.   NEXT  
|<   51   52   53   54   55   56   57   58   59   60   61   62   63   64   65   66   67   68   69   70   71   72   73   74   75  
76   77   78   79   80   81   82   83   84   85   86   87   88   89   90   91   92   93   >>  
e, d'un scepticisme precis et mordant, habile surtout a desarticuler d'un mot les hypocrisies mondaines. Il repetait souvent: "Il n'y a pas d'hommes honnetes; ou du moins ils ne le sont que relativement aux crapules." Il avait deux freres qu'il ne voyait point, MM. de Courcils. Je le croyais d'un autre lit, vu leurs noms differents. On m'avait dit a plusieurs reprises qu'une histoire etrange s'etait passee en cette famille, mais sans donner aucun detail. Cet homme me plaisant tout a fait, nous fumes bientot lies. Un soir, comme j'avais dine chez lui en tete-a-tete, je lui demandai par hasard: "Etes-vous ne du premier ou du second mariage de madame votre mere?" Je le vis palir un peu, puis rougir; et il demeura quelques secondes sans parler, visiblement embarrasse. Puis il sourit d'une facon melancolique et douce qui lui etait particuliere, et il dit: "Mon cher ami, si cela ne vous ennuie point, je vais vous donner sur mon origine des details bien singuliers. Je vous sais un homme intelligent, je ne crains donc pas que votre amitie en souffre, et si elle en devait souffrir, je ne tiendrais plus alors a vous avoir pour ami." Ma mere, Mme de Courcils, etait une pauvre petite femme timide, que son mari avait epousee pour sa fortune. Toute sa vie fut un martyre. D'ame aimante, craintive, delicate, elle fut rudoyee sans repit par celui qui aurait du etre mon pere, un de ces rustres qu'on appelle des gentilshommes campagnards. Au bout d'un mois de mariage, il vivait avec une servante. Il eut en outre pour maitresses les femmes et les filles de ses fermiers; ce qui ne l'empecha point d'avoir deux enfants de sa femme; on devrait compter trois, en me comprenant. Ma mere ne disait rien; elle vivait dans cette maison toujours bruyante comme ces petites souris qui glissent sous les meubles. Effacee, disparue, fremissante, elle regardait les gens de ses yeux inquiets et clairs, toujours mobiles, des yeux d'etre effare que la peur ne quitte pas. Elle etait jolie pourtant, fort jolie, toute blonde d'un blond gris, d'un blond timide; comme si ses cheveux avaient ete un peu decolores par ses craintes incessantes. Parmi les amis de M. de Courcils qui venaient constamment au chateau se trouvait un ancien officier de cavalerie, veuf, homme redoute, tendre et violent, capable des resolutions les plus energiques, M. de Bourneval, dont je porte le nom. C'etait un grand gaillard maigre, avec de grosses moustaches noires. Je lui ressembl
PREV.   NEXT  
|<   51   52   53   54   55   56   57   58   59   60   61   62   63   64   65   66   67   68   69   70   71   72   73   74   75  
76   77   78   79   80   81   82   83   84   85   86   87   88   89   90   91   92   93   >>  



Top keywords:
Courcils
 
toujours
 

mariage

 

vivait

 

donner

 

timide

 

compter

 

martyre

 

devrait

 
comprenant

maison
 

enfants

 

craintive

 

delicate

 

aimante

 
disait
 

rudoyee

 

fermiers

 
campagnards
 

gentilshommes


appelle

 

servante

 

rustres

 

maitresses

 
aurait
 

femmes

 

filles

 

empecha

 

mobiles

 

cavalerie


officier
 
redoute
 
violent
 

tendre

 

ancien

 
trouvait
 

constamment

 

venaient

 

chateau

 
capable

resolutions

 
maigre
 

gaillard

 

grosses

 

moustaches

 
ressembl
 
noires
 
Bourneval
 

energiques

 
regardait