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pres avoir decachete devant nous l'enveloppe scellee a la cire rouge et dont il ignorait le contenu. * * * * * Brusquement mon ami se tut, se leva, puis il alla prendre dans son secretaire un vieux papier, le deplia, le baisa longuement, et il reprit. Voici le testament de ma bien-aimee mere: "Je soussignee Anne-Catherine-Genevieve-Mathilde de Croixluce, epouse legitime de Jean-Leopold-Joseph Gontran de Courcils, saine de corps et d'esprit, exprime ici mes dernieres volontes. Je demande pardon a Dieu d'abord, et ensuite a mon cher fils Rene, de l'acte que je vais commettre. Je crois mon enfant assez grand de coeur pour me comprendre et me pardonner. J'ai souffert toute ma vie. J'ai ete epousee par calcul, puis meprisee, meconnue, opprimee, trompee sans cesse par mon mari. Je lui pardonne, mais je ne lui dois rien. Mes fils aines ne m'ont point aimee, ne m'ont point gatee, m'ont a peine traitee comme une mere. J'ai ete pour eux, durant ma vie, ce que je devais etre; je ne leur dois plus rien apres ma mort. Les liens du sang n'existent pas sans l'affection constante, sacree, de chaque jour. Un fils ingrat est moins qu'un etranger; c'est un coupable, car il n'a pas le droit d'etre indifferent pour sa mere. J'ai toujours tremble devant les hommes, devant leurs lois iniques, leurs coutumes inhumaines, les prejuges infames. Devant Dieu, je ne crains plus. Morte, je rejette de moi la honteuse hypocrisie; j'ose dire ma pensee, avouer et signer le secret de mon coeur. Donc, je laisse en depot toute la partie de ma fortune dont la loi me permet de disposer a mon amant bien-aime Pierre-Germer-Simon de Bourneval, pour revenir ensuite a notre cher fils Rene. * * * * * (Cette volonte est formulee en outre, d'une facon plus precise, dans un acte notarie). * * * * * Et, devant le Juge supreme qui m'entend je declare que j'aurais maudit le ciel et l'existence si je n'avais rencontre l'affection profonde, devouee, tendre, inebranlable de mon amant, si je n'avais compris dans ses bras que le Createur a fait les etres pour s'aimer, se soutenir, se consoler, et pleurer ensemble dans les heures d'amertume. Mes deux fils aines ont pour pere M. de Courcils, Rene seul doit la vie a M. de Bourneval. Je prie le Maitre des hommes et de leurs destinees de placer au-dessus des prejuges sociaux le pere et le fils, de les faire
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