onnaient du cor
a plein souffle. La fanfare s'en allait dans la nuit claire au-dessus
des bois, repetee par les echos perdus des vallees lointaines,
reveillant les cerfs inquiets, les renards glapissants et troublant en
leurs ebats les petits lapins gris, au bord des clairieres.
Les oiseaux de nuit voletaient, effares, au-dessus de la meute affolee
d'ardeur. Et des femmes, attendries par toutes ces choses douces et
violentes, s'appuyant un peu au bras des hommes, s'ecartaient deja dans
les allees, avant que les chiens eussent fini leur repas.
Tout alanguie par cette journee de fatigue et de tendresse, Mme
d'Avancelles dit au baron:
"--Voulez-vous faire un tour de parc, mon ami?"
Mais lui, sans repondre, tremblant, defaillant, l'entraina.
Et, tout de suite, ils s'embrasserent. Ils allaient au pas, au petit
pas, sous les branches presque depouillees et qui laissaient filtrer la
lune; et leur amour, leurs desirs, leur besoin d'etreinte etaient
devenus si vehements qu'ils faillirent choir au pied d'un arbre.
Les cors ne sonnaient plus. Les chiens epuises dormaient au chenil.
"--Rentrons", dit la jeune femme. Ils revinrent.
Puis, lorsqu'ils furent devant le chateau, elle murmura d'une voix
mourante: "Je suis si fatiguee que je vais me coucher, mon ami." Et,
comme il ouvrait les bras pour la prendre en un dernier baiser, elle
s'enfuit, lui jetant comme adieu: "Non... je vais dormir... Qui m'aime
me suive!"
Une heure plus tard, alors que tout le chateau silencieux semblait mort,
le baron sortit a pas de loup de sa chambre et s'en vint gratter a la
porte de son amie. Comme elle ne repondait pas, il essaya d'ouvrir. Le
verrou n'etait point pousse.
Elle revait, accoudee a la fenetre.
Il se jeta a ses genoux qu'il baisait eperdument a travers la robe de
nuit. Elle ne disait rien, enfoncant ses doigts fins, d'une maniere
caressante, dans les cheveux du baron.
Et soudain, se degageant comme si elle eut pris une grande resolution,
elle murmura de son air hardi, mais a voix basse: "Je vais revenir.
Attendez-moi." Et son doigt, tendu dans l'ombre, montrait au fond de la
chambre la tache vague et blanche du lit.
Alors, a tatons, eperdu, les mains tremblantes, il se devetit bien vite
et s'enfonca dans les draps frais. Il s'etendit delicieusement,
oubliant presque son amie, tant il avait plaisir a cette caresse du
linge sur son corps las de mouvement.
Elle ne revenait point, pourtant; s'amusant sans doute a le
|