flots, puis s'evaporaient dans l'azur du ciel.
La princesse descendit aux degres du quai. Une musique joyeuse
l'attendait a terre et accompagnait chacun de ses pas.
Tandis que, s'avancant dans le centre de la ville, elle foulait de
son pied delicat les riches tapisseries et les jonchees de fleurs,
de Guiche et Raoul, se derobant du milieu des Anglais, prenaient
leur chemin par la ville et s'avancaient rapidement vers l'endroit
designe pour la residence de Madame.
-- Hatons-nous, disait Raoul a de Guiche, car, du caractere que je
lui connais, ce Buckingham nous fera quelque malheur en voyant le
resultat de notre deliberation d'hier.
-- Oh! dit le comte, nous avons la de Wardes, qui est la fermete
en personne, et Manicamp, qui est la douceur meme.
De Guiche n'en fit pas moins diligence, et, cinq minutes apres,
ils etaient en vue de l'Hotel de Ville.
Ce qui les frappa d'abord, c'etait une grande quantite de gens
assembles sur la place.
-- Bon! dit de Guiche, il parait que nos logements sont
construits.
En effet, devant l'hotel, sur la place meme, s'elevaient huit
tentes de la plus grande elegance, surmontees des pavillons de
France et d'Angleterre unis.
L'Hotel de Ville etait entoure par des tentes comme d'une ceinture
bigarree; dix pages et douze chevau-legers donnes pour escorte aux
ambassadeurs montaient la garde devant ces tentes. Le spectacle
etait curieux, etrange; il avait quelque chose de feerique. Ces
habitations improvisees avaient ete construites dans la nuit.
Revetues au-dedans et au-dehors des plus riches etoffes que
de Guiche avait pu se procurer au Havre, elles encerclaient
entierement l'Hotel de Ville, c'est-a-dire la demeure de la jeune
princesse; elles etaient reunies les unes aux autres par de
simples cables de soie, tendus et gardes par des sentinelles, de
sorte que le plan de Buckingham se trouvait completement renverse,
si ce plan avait ete reellement de garder pour lui et ses Anglais
les abords de l'Hotel de Ville.
Le seul passage qui donnat acces aux degres de l'edifice, et qui
ne fut point ferme par cette barricade soyeuse, etait garde par
deux tentes pareilles a deux pavillons, et dont les portes
s'ouvraient aux deux cotes de cette entree.
Ces deux tentes etaient celles de de Guiche et de Raoul, et en
leur absence devaient toujours etre occupees: celle de de Guiche,
par de Wardes; celle de Raoul par Manicamp.
Tout autour de ces deux tentes et des six autres, une centai
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