u'avec vous,
en vous parlant souvent de moi, et en vous imposant la societe de mes
soeurs, qui ne vous a pas ete toujours des plus agreables. Louison
est difficile a vivre; et l'occasion s'etant presentee de la placer
ailleurs, je venais vous dire que, des demain, je vous en debarrasse,
ainsi que de Suzanne, en vous remerciant toutefois des bontes que vous
avez eues pour elles, et en vous priant de me garder votre amitie, dont
je viendrai toujours me reclamer le plus souvent qu'il me sera possible,
tant que M. Theophile ne le trouvera pas mauvais.
--Vos soeurs ne me sont nullement a charge, repondit Eugenie. Suzanne a
toujours ete fort douce, et Louison l'est devenue depuis quelque temps.
Je concois que vos idees sur l'avenir ayant change, vous vouliez rompre
l'union que nous avions formee sous de meilleurs auspices; mais pourquoi
vous tant presser?
--Il faut que mes soeurs s'en aillent bien vite, reprit Arsene. Elles ne
sont peut-etre pas aussi bonnes qu'elles en ont l'air, et je suis tout a
fait en mesure de les etablir. Ecoutez, Eugenie, dit-il en la prenant
a part, j'espere que vous garderez Marthe aupres de vous tant qu'elle
n'aura pas pris un parti contraire, et que vous veillerez a ce que tous
ses desirs soient satisfaits, tant qu'un autre ne s'en sera pas charge.
Voici une partie de la somme que j'ai touchee ce matin; destinez-la au
meme usage qu'a l'ordinaire, et, comme a l'ordinaire, gardez mon secret.
--Non, Paul, cela ne se peut plus, dit Eugenie. Ce serait avilir en
quelque sorte la pauvre Marthe que de lui rendre encore de tels services
apres ce que vous savez. Il faut qu'elle apprenne enfin a qui elle doit
le bien-etre dont elle a joui jusqu'a present, afin qu'elle vous en
rende grace et qu'elle y renonce a jamais.
[Illustration: Non! non! elle ne rentrera pas avec Theophile, dit
Arsene.]
--Eugenie, dit Paul vivement, si vous agissez ainsi, je ne pourrai plus
remettre les pieds chez vous, et je ne pourrai jamais revoir Marthe.
Elle rougirait devant moi, elle serait humiliee, elle me hairait
peut-etre. Laissez-moi donc sa confiance et son amitie, puisque je ne
dois jamais pretendre a autre chose. Quant a refuser pour elle les
derniers services que je veux lui rendre, vous n'en avez pas le droit,
pas plus que vous n'avez celui de trahir le secret que vous m'avez
jure."
J'appuyai ses resolutions aupres d'Eugenie, et il fut convenu que Marthe
ne saurait rien. Elle rentra bientot avec Horace, qu'e
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