, roi de Navarre, etait le seul qui
put lui tenir tete.
--Helas! continua-t-elle, qui donc est capable d'arreter le huguenot
dans sa marche a la couronne?... Mon fils en fuite, presque proscrit,
sans soldats, ne peut rien... Et vous, mon cousin, comment feriez-vous
la guerre au Bearnais?
--Ah! Madame, je mettrai le royaume a feu et a sang... mais Henri de
Navarre n'arrivera pas a Paris!...
--Quelle autorite avez-vous pour conduire a bien cette entreprise?
Il faudrait donc tout d'abord vous faire proclamer roi! C'est-a-dire
deposer mon fils, ce qui serait un crime abominable.
--Quelle que soit ma repugnance a ce crime, il faudra pourtant le
commettre, madame!....
--C'est la guerre civile dechainee, dit Catherine.
--Voyez-vous un autre moyen d'arreter le Bearnais? demanda le duc avec
une insolente ironie.
--Il y en a un, dit Catherine gravement, un seul... c'est d'attendre la
mort de mon fils...
Guise tressaillit violemment. Catherine, a ce moment, paraissait auguste
de douleur et de majeste.
--Vous savez, dit-elle d'une voix infiniment triste, que le pauvre
enfant est condamne; vous savez que les medecins ne lui accordent pas
plus d'un an a vivre maintenant... Duc, ecoutez-moi... Ne voyez en
moi qu'une mere affligee, une chretienne qui veut mourir en paix,
en accomplissant jusqu'au bout son devoir... Henri est mon dernier
enfant... Apres lui, la dynastie des Valois est donc eteinte.
Guise, maintenant, ecoutait avec une telle attention que le chapeau
qu'il tenait a la main lui glissa des doigts.
Un imperceptible sourire balafra ses levres minces.
--Mon fils mort dans quelques mois, reprit-elle, qui va succeder a la
race des Valois eteinte?... Qui donc, sinon celui que le roi Henri III
aura designe lui-meme?...
--Et qui donc Henri III designera-t-il, sinon celui que je lui aurai
nomme moi-meme? car, grace a Dieu, j'ai garde tout mon pouvoir sur le
coeur de mon enfant... Il reste donc uniquement a savoir qui est celui
que je designerai?...
--Et celui-la, madame, palpita Guise, qui est-il?...
A ces mots, Catherine comprit que la victoire lui appartenait. Guise se
rendait a discretion.
--Celui-la, dit-elle avec cette sorte d'indifference, celui-la, c'est
celui qui m'aidera, je veux dire aidera mon fils a terrasser pour
toujours le Bearnais... Je ne vois qu'un homme capable de remplir ce
role: c'est vous, mon cousin.
Le duc fremissait d'espoir et d'orgueil. Ce que lui offrait Catherine,
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