uisent plusieurs essences d'autres especes, dont les noms ne nous
sont pas presents. Enfin le tout recoit la faculte de la science
(_perceptibilitas disciplinae_), et l'homme existe. Mais chaque particule
recoit d'autres formes qui font d'autres essences parmi les animes.
Enfin la _socratite_ informe toute cette essence d'humanite et constitue
Socrate. Mais aussitot d'autres formes affectent les parties de cette
essence d'humanite; les unes, les couleurs et les formes du feu, en
affectent certains atomes et font le feu; d'autres s'appliquent a
d'autres atomes et font l'eau, et ainsi du reste. Les parties du tout se
trouvent ainsi etre feu, eau, air ou terre. De cette maniere, il n'est
pas plus impossible que Socrate soit compose des elements, que de pieds
et de mains. Ce sont egalement ses parties composantes. Telle est
l'origine des elements et l'origine des individus, pour qui trouverait
absurde que des essences generales et speciales se composassent
d'elements.
[Note 84: Je traduis ainsi en hesitant cette phrase singuliere:
"Unumquodque individuum corporis quantum est, tantum in se habet
fructum." (P. 539.)]
Ce n'est pas qu'on ne put dire aussi que, des que l'animation affecte le
corps, les formes des elements affectent les essences de ce corps, ou
du moins, qu'aussitot que la sensibilite affecte le corps anime, ses
parties deviennent elements. Ainsi s'expliquerait et le mot d'Aristote,
que les quatre elements precedent absolument l'animal, et le mot de
Platon, que les elements viennent de l'_hyle_ (la matiere), et que des
elements vient tout le reste[85]. Abelard avoue qu'ici il parait avoir
suivi une marche contraire et renverse la regle generale, qui veut que
les simples soient anterieurs aux composes.
[Note 85: _De Gen. et Spec_., p. 540.--J'ignore ou Abelard a pris ces
deux citations. Quant a la premiere, je vois bien que dans les Topiques
Aristote dit qu'Empedocle pensait que les quatre elements etaient _ceux
de tous les corps_, et precedaient l'animal, ou le corps anime (t. 1, o.
xiv, sec. b). Mais Abelard n'avait point les Topiques. Quant a la pensee
qu'il attribue a Platon, elle est bien dans la _Timee_ (trad. de M.
Cousin, p. 152 et 158), mais elle n'y est pas dans les termes qu'il
emploie; Platon ne se sert pas en ce sens Du mot _hyle, [Grec: ule].
(Not. 134 de la trad. du _Timee_ de M. H. Martin, t. II p. 295.)]
Il s'arrete la, et, comme on voit, ne se montre pas net et decide. Son
explication se
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