es
lieux communs; il se prete a developper les themes empruntes, qui ne
sont issus ni de sa pensee, ni de son emotion. Son imagination neglige
le plus souvent de puiser immediatement aux sources vives de
l'invention poetique et verse dans le faux et le banal.
Certaines des pieces de vers paraissent denuees de tout contenu. Elles
debutent comme au hasard par un aphorisme quelconque, et continuent au
cours des phrases sans que l'on puisse deviner le motif interieur qui a
pousse le poete a ecrire.
Une piece de vers commence ainsi:
Louis quand vous irez dans un de vos voyages
Vers Bordeaux, Pau, Bayonne et ses charmants rivages,
Toulouse la romaine, ou dans ses jours meilleurs
J'ai cueilli tout enfant la poesie on fleurs
Passez par Blois.
D'autres ainsi:
Jules votre chateau, tour vieille et maison neuve.
Se mire dans la Loire a l'endroit ou le fleuve ...
Le soir a la campagne, on sort, on se promene ...
Et l'on peut joindre a ce groupe de poemes nuls, une bonne partie des
_Orientales_, des premieres _Contemplations_, et presque toutes les
_Odes et Ballades_, auxquelles il faut ajouter ces developpements oiseux
a un point stupefiant, qui tout a coup, dans les oeuvres en prose,
laissent entre deux chapitres, un vide nebuleux.
Une autre categorie d'oeuvres a laquelle ressortissent la plupart des
_Orientales, la Legende des siecles_, une piece comme _les Burgraves_ et
un roman comme _Notre-Dame de Paris_, fait se demander par quelle
prodigieuse disposition sentimentale, le poete parvient a se faire le
porte-voix, presqu'emu, d'une suite de personnes etrangeres et mortes,
dont il epouse les causes et les passions avec une infatigable
versatilite. Il parait difficile d'admettre qu'il ait pris le _Cri de
guerre du Muphti, les maledictions du Derviche_ pour autre chose que des
themes indifferents, aptes a de belles variations. S'il parvient dans
_la Legende des siecles_ a faire passionnement declamer Dieu, saint
Jean, Mahomet et Charlemagne, le Cid, les conseillers du roi Ratbert,
des thanes ecossais, une montagne et une stele, on peut en conclure sa
grande souplesse d'esprit, et aussi l'interet mal concentre, superficiel
et passager, qu'il porte a toutes ces ombres et ces symboles. On devine
que M. Hugo sait etre tout a tous les sujets, et l'on reflechit que sa
faconde verbale meme, si l'on y ajoute par hypothese, une certaine
debilite intellectuelle, doit le porter a cherch
|