xions a haute
voix... Les petits Grillons bruns, assis au soleil devant leurs portes,
disent gravement: "Il aimait trop les fleurs!--Il courait trop la nuit!"
ajoutent les Escargots, et les Scarabees a gros ventre se dandinent dans
leurs habits d'or en grommelant: "Trop boheme! trop boheme!" Parmi toute
cette foule, pas un mot de regret pour le pauvre mort; seulement, dans
les plaines d'alentour, les grands lis ont ferme et les cigales ne
chantent pas.
La derniere scene se passe dans le cimetiere des Papillons. Apres que
les Necrophores ont fait leur oeuvre, un Hanneton solennel, qui a suivi
le convoi, s'approche de la fosse, et, se mettant sur le dos, commence
l'eloge du defunt. Malheureusement la memoire lui manque; il reste la
les pattes en l'air, gesticulant pendant une heure et s'entortillant
dans ses periodes... Quand l'orateur a fini, chacun se retire, et alors
dans le cimetiere desert, on voit la Bete a bon Dieu des premieres
scenes sortir de derriere une tombe. Tout en larmes, elle s'agenouille
sur la terre fraiche de la fosse et dit une priere touchante pour son
pauvre petit camarade qui est la.
IX
TU VENDRAS DE LA PORCELAINE
Au dernier vers de mon poeme, Jacques, enthousiasme, se leva pour crier
bravo; mais il s'arreta net en voyant la mine effaree de tous ces braves
gens.
En verite, je crois que le cheval de feu de l'Apocalypse, faisant
irruption au milieu du petit salon jonquille, n'y aurait pas cause plus
de stupeur que mon papillon bleu. Les Passajon, les Fougeroux, tout
herisses de ce qu'ils venaient d'entendre, me regardaient avec de gros
yeux ronds; les deux Ferrouillat se faisaient des signes. Personne ne
soufflait mot. Pensez comme j'etais a l'aise...
Tout a coup, au milieu du silence et de la consternation generale, une
voix--et quelle voix!--blanche, terne, froide, sans timbre, une voix
de fantome, sortit de derriere le piano et me fit tressaillir sur ma
chaise. C'etait la premiere fois, depuis dix ans, qu'on entendait parler
l'homme a la tete d'oiseau, le venere Lalouette: "Je suis bien content
qu'on ait tue le papillon, dit le singulier vieillard en grignotant son
sucre d'un air feroce; je ne les aime pas, moi, les papillons!..."
Tout le monde se mit a rire, et la discussion s'engagea sur mon poeme.
Le membre du Caveau trouvait l'oeuvre un peu trop longue et
m'engagea beaucoup a la reduire en une ou deux chansonnettes, genre
essentiellement francais. L'eleve d'Alfort, savant
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