erra pas. (Ils entrent discretement chez la
Rose.)--La toile tombe.
Au troisieme acte...
Mais je ne voudrais pas, mes chers lecteurs, abuser plus longtemps de
votre patience. Les vers, par le temps qui court, n'ont pas le don de
plaire, je le sais. Aussi, j'arrete la mes citations, et je vais me
contenter de raconter sommairement le reste de mon poeme.
Au troisieme acte, il est nuit tout a fait... Les deux camarades sortent
ensemble de chez la Rose... Le Papillon veut ramener la Bete a bon Dieu
chez ses parents; mais celle-ci s'y refuse; elle est completement ivre,
fait des cabrioles sur l'herbe et pousse des cris seditieux... Le
Papillon est oblige de l'emporter chez elle. On se separe sur la porte,
en se promettant de se revoir bientot... Et alors le Papillon s'en va
tout seul, dans la nuit. Il est un peu ivre, lui aussi; mais son ivresse
est triste: il se rappelle les confidences de la Bete a bon Dieu, et se
demande amerement pourquoi tant de monde le deteste, lui qui jamais n'a
fait de mal a personne... Ciel sans lune, le vent souffle, la campagne
est toute noire... Le Papillon a peur, il a froid; mais il se console en
songeant que son camarade est en surete, au fond d'une couchette bien
chaude... Cependant, on entrevoit dans l'ombre de gros oiseaux de nuit
qui traversent la scene d'un vol silencieux. L'eclair brille. Des betes
mechantes embusquees sous des pierres, ricanent en se montrant le
Papillon. "Nous le tenons!" disent-elles. Et tandis que l'infortune va
de droite et de gauche, plein d'effroi, un Chardon au passage le larde
d'un grand coup d'epee, un Scorpion l'eventre avec ses pinces, une
grosse Araignee velue lui arrache un pan de son manteau de satin bleu,
et, pour finir, une Chauve-Souris lui casse les reins d'un coup d'aile.
Le Papillon tombe, blesse a mort... Tandis qu'il rale sur l'herbe, les
Orties se rejouissent, et les Crapauds disent: "C'est bien fait!"
A l'aube, les Fourmis, qui vont au travail avec leurs saquettes et leurs
gourdes, trouvent le cadavre au bord du chemin. Elles le regardent a
peine et s'eloignent sans vouloir l'enterrer. Les Fourmis ne travaillent
pas pour rien... Heureusement une confrerie de Necrophores vient a
passer par la. Ce sont, comme vous savez, de petites betes noires qui
ont fait voeu d'ensevelir les morts... Pieusement, elles s'attellent au
Papillon defunt et le trainent vers le cimetiere... Une foule curieuse
se presse sur leur passage, et chacun fait des refle
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