ut-etre!
--J'en serais desolee.
--Vous ne l'aimez donc plus?
--Non, plus du tout.
Il y eut un silence; apres quoi, Palmer reveur reprit:
--Therese, j'ai une nouvelle tres-grave a vous annoncer. J'hesite, parce
que je crains de vous causer une grande emotion de plus, et vous n'etes
guere disposee...
--Je vous demande pardon, mon ami. Je suis horriblement triste mais je
suis absolument calme et preparee a tout.
--Eh bien, Therese, apprenez que vous etes libre: le comte de *** n'est
plus.
--Je le savais, repondit Therese. Il y a huit jours que je le sais.
--Et vous ne l'avez pas dit a Laurent?
--Non.
--Pourquoi?
--Parce qu'a l'instant meme il se fut fait en lui une reaction quelconque.
Vous savez comme l'imprevu le bouleverse et le passionne. De deux choses
l'une: ou il eut imagine qu'en lui faisant part de ma nouvelle situation,
je voulais l'epouser, et l'effroi d'un lien avec moi eut exaspere son
aversion, ou il se fut tourne, tout a coup de lui-meme vers l'idee du
mariage, dans un de ces paroxysmes de devouement qui s'emparent de lui, et
qui durent... juste un quart d'heure, pour faire place a un profond
desespoir ou a une colere insensee. Le malheureux est assez coupable
envers moi; il n'etait pas necessaire de jeter un appat nouveau a sa
fantaisie et un motif de plus a son parjure.
--Vous ne l'estimez donc plus?
--Je ne dis pas cela, mon cher Palmer. Je le plains et ne l'accuse pas.
Peut-etre une autre femme le rendra-t-elle heureux et bon. Moi, je n'ai pu
faire, ni l'un ni l'autre. Il y a probablement de ma faute autant que de
la sienne. Quoi qu'il en soit, il est bien prouve pour moi que nous ne
devions pas et que nous ne devons plus chercher a nous aimer.
--Et maintenant, Therese, ne songerez-vous pas a tirer avantage de la
liberte qui vous est rendue?
--Quel avantage puis-je en tirer?
--Vous pouvez vous remarier et connaitre les joies de la famille.
--Mon cher Dick, j'ai aime deux fois dans ma vie, et vous voyez ou j'en
suis. Il n'est pas dans ma destinee d'etre heureuse. Il est trop tard pour
chercher ce qui m'a fui. J'ai trente ans.
--C'est parce que vous avez trente ans que vous ne pouvez vous passer
d'amour. Vous venez de subir l'entrainement de la passion, et c'est
precisement l'age ou les femmes ne peuvent s'y soustraire. C'est parce que
vous avez souffert, c'est parce que vous avez ete mal aimee que
l'inextinguible soif du bonheur va se reveiller en vous et vous c
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