ux etalait sur
la place le ventre rebondi de sa balustrade en fer forge.
Assise dans un large fauteuil de velours, dans un costume d'une grande
simplicite, blanc, depuis les pieds nonchalamment poses sur un coussin
de soie rouge merveilleusement brode jusqu'a la collerette tres simple,
sans un bijou, sans un ornement, Fausta attendait dans une pose
meditative.
Le singulier intendant, qui venait de retrouver si soudainement la
vigueur d'un homme dans la force de l'age, s'inclina profondement devant
elle et attendit.
--Eh bien, maitre Centurion? interrogea Fausta.
Centurion, puisque c'etait lui qui, adroitement grime, venait de jouer
le role d'intendant. Centurion repondit respectueusement:
--Eh bien, il est venu, madame.
--Vous l'avez amene?
--Il attend votre bon plaisir en bas.
Fausta repeta le meme signe de tete et parut reflechir un moment.
--Il ne vous a pas reconnu? fit-elle avec une certaine curiosite.
--S'il m'avait reconnu, je n'aurais pas l'honneur de l'introduire aupres
de vous.
Fausta eut un mince sourire.
--Je sais qu'il ne vous affectionne pas precisement, dit-elle.
--Dites qu'il me veut la malemort, madame, et vous serez dans le vrai.
Cela ne laisse pas que de m'inquieter beaucoup. Car enfin, si vos
projets aboutissent et qu'il continue a me detester, c'en est fait de la
situation que vous avez daigne me faire entrevoir.
--Rassurez-vous, maitre. Continuez a me servir fidelement sans vous
inquieter du reste. Le moment venu, je ferai votre paix avec lui. Je
reponds que le roi oubliera les injures faites a l'amoureux sans nom et
sans fortune. Introduisez-le...
Centurion s'inclina et sortit immediatement.
Quelques instants plus tard, il introduisait le Torero aupres de Fausta
et, apres avoir referme la porte sur lui, il se retirait discretement.
En voyant Fausta, don Cesar fut ebloui. Jamais beaute aussi accomplie
n'etait apparue a ses yeux ravis. Avec une grace juvenile, il s'inclina
profondement devant elle, autant pour dissimuler son trouble que par
respect.
Fausta remarqua l'effet qu'elle produisait sur le jeune homme. Elle
esquissa un sourire. Cet effet, elle avait cherche a le produire, elle
l'esperait. Il se realisait au-dela de ses desirs. Elle avait lieu
d'etre satisfaite.
D'un oeil exerce, elle etudiait le jeune prince qui attendait dans
une attitude pleine de dignite, ni trop humble ni trop fiere. Cette
attitude, pleine de tact, la male beaute du jeune homm
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