dans l'espoir sans doute que les fugitifs,
en la jetant avec violence, l'auraient laissee entr'ouverte. Mais elle
resista a tous ses efforts. Il se colla l'oeil contre la serrure et
n'apercut qu'un corridor sombre. Il chercha le cordon de la sonnette ou le
marteau de la porte. Rien! Il frappa contre les planches sonores et preta
l'oreille. Pas le moindre bruit! Il recula de quelques pas, pour voir toute
la facade de la maison. Peut-etre decouvrirait-il une figure curieuse, une
main derriere un rideau? Helas! le soleil lui-meme ne visitait plus cette
triste demeure. Et les fenetres; ces yeux de la maison, s'etaient voilees
sous leurs contrevents, comme l'oeil sous la paupiere.
Barbare eprouva un affreux serrement de coeur. Il eut donne sa vie, en cet
instant, pour revoir ce frais visage, cette charmante apparition dont il
etait encore ebloui. Elle etait la, pourtant, a deux pas de lui, derriere
cette muraille!... Comme la mere qui rode, le soir, devant la prison ou
gemit son enfant, et qui se demande si quelque barreau de fer ne lui
livrera pas un passage, le jeune homme ne pouvait se decider a partir et
s'en remettait au hasard, cette derniere consolation des desesperes! Il
attendit longtemps encore. Mais la patience l'abandonna. Se sentant jeune
et fort, il se revolta a la pensee que quelques planches, a peine jointes,
lui opposaient un obstacle. Il s'elanca vers la porte, bien determine a
l'ebranler sous un dernier effort. Mais il recula bientot en rougissant.
--Qu'allais-je faire? pensa-t-il. Ce seuil est inviolable! Il n'y a la ni
barreaux, ni soldats pour le defendre. Et je ne dois y entrer que par la
volonte de celle que j'aime!
Alors il tira de son sein la petite croix, ornee de diamants, la baisa avec
respect et, l'agitant au-dessus de sa tete:
--C'est votre croix! dit-il, votre croix que je vous rapporte!
Deux fois il fit le meme geste et poussa le meme cri. Mais la maison ne
sortit pas de son sommeil. Le jeune homme, apres avoir cache la petite
croix sur son coeur, reprit tristement le chemin de la ville.
Lorsqu'il entra dans le faubourg, on allumait deja les reverberes, dont les
lanternes huileuses se balancaient, avec un grincement sinistre, et
faisaient, en quelque sorte, danser le jour et la nuit entre les noires
facades des maisons. Les bruits de la fete avaient cesse. Tout etait rentre
dans le silence. On n'entendait guere que le pas sonore du promeneur
attarde qui regagnait son foyer, ou le s
|