er de resolution, elle eut bientot
abandonne le lieu qu'elle avait failli ensanglanter.
II
Le Club.
Quelques instants apres, la rue se trouva completement deserte. On
n'entendait plus que le bruit lointain de la fete et le vague murmure de la
foule. Barbare rompit le silence, et, prenant les mains de son compagnon
qu'il serra avec une sombre energie:
--Citoyen president, dit-il, tu m'as sauve la vie!
--Ne parlons pas de cela! repondit le colosse.
--Si fait! je veux t'en remercier et je ne souhaite rien tant que d'avoir
l'occasion de te prouver ma reconnaissance.
--Mais, mon bon ami, je n'ai fait que mon devoir.
--C'est bien! nous sommes gens de coeur et nous nous comprenons!...
Ecoute... j'ai encore un service a te demander.
--Parle.
--Nous sommes seuls. Personne ne peut nous voir. Laisse-moi partir.
--Et la fete? dit le patriote.
--J'en ai vu assez comme cela.
--Ah! fit le president du club en souriant... Je devine!... Un rendez-vous
d'amour?
--Peut-etre, repondit Barbare en rougissant.
--Va, mon garcon, reprit le patriote avec bonte. La Republique ne defend
pas d'aimer; elle t'excuse par ma bouche; mais n'oublie pas d'assister, ce
soir, a la seance du club.
--Merci et adieu! dit Barbare en donnant une derniere poignee de main a son
liberateur.
--Adieu, repondit le president.
Et le brave homme, apres s'etre amuse a regarder son protege qui courait a
toutes jambes, s'empressa de rejoindre le cortege.
Barbare n'avait pas oublie dans quelle direction le vieillard et la jeune
fille avaient pris la fuite. Il s'engagea dans un vrai labyrinthe de rues
tortueuses et courut tant et si bien, qu'en arrivant aux dernieres maisons
de la ville, il apercut sur la grand'route, a une portee de fusil environ,
Dominique et Marguerite qui s'etaient arretes pour reprendre haleine. Il
cria de toutes ses forces et leur fit signe de l'attendre. Mais cette
bruyante manifestation eut un resultat diametralement oppose a celui qu'il
en esperait. A la vue de cet homme qui semblait les poursuivre, les
fugitifs furent saisis d'une veritable panique et la peur leur rendit des
jambes. Barbare eut beau presser le pas, gesticuler, crier; il ne put
arreter le vieillard et sa jolie compagne. Il les vit s'approcher de la
petite maison isolee et disparaitre derriere la porte, qui se referma avec
fracas.
Le jeune homme se sentit des larmes dans les yeux. Il s'approcha de la
porte qu'il essaya de pousser,
|