is.
--Un enfant! s'ecria Pierre Vardouin.
--C'est justement ce qui m'en plait.
--Il fera absurdites sur absurdites!
--Tant mieux.
--Il est d'un entetement a toute epreuve
--A merveille!
--Il n'ecoutera aucun conseil.
--Bravo!
--Il est meme capable de montrer du talent, pour nous contredire.
--Pour cela, je l'en empecherai bien.
--Comment? demanda Pierre Vardouin.
Il y avait, dans la maniere dont ce mot fut accentue, une telle inquietude,
un aveu si naif du merite de Francois, que Henri Montredon ne put
s'empecher de sourire.
Tu n'ignores pas, dit-il, que Francois ferait tout au monde pour obtenir la
main de ta fille?
--Il ne l'aura jamais!
--On peut la lui promettre.
--Quitte a ne pas tenir?
--Pardon. Mais on lui fixera pour terme de son attente le jour ou la
croix...
--Couronnera la pyramide du clocher de Norrey?
--C'est cela meme!... Comprends alors son ardeur a conduire les travaux, a
presser les ouvriers. Laisse agir sa passion, et sois assure qu'il ne
prendra pas le temps de construire un chef-d'oeuvre.
En achevant ces mots, Henry Montredon sortit, laissant le maitre de
l'oeuvre tout etourdi de cette etonnante confidence.
Derriere la porte, il trouva Marie.
--Eh bien, lui demanda-t-il en souriant, je suppose que vous avez tout
entendu... Etes-vous contente?
--Pas plus que ne le serait Francois, s'il eut ete a ma place.
--Est-ce ainsi que vous reconnaissez mon devouement?
--Quand on aime vraiment quelqu'un, repondit Marie d'une voix ferme, on le
defend; mais on ne le degrade pas, en le mettant dans une situation d'ou il
ne peut sortir qu'avec honte et deshonneur.
--Il fallait bien mentir un peu...
--On n'a pas besoin de mentir lorsqu'on se fait l'avocat d'une bonne cause,
dit noblement Marie. Et moi qui aime Francois de toutes les forces de mon
coeur, non-seulement je lui refuserais ma main, mais encore je ne lui
accorderais pas un regard de pitie, s'il devait oublier, en faisant un
marche indigne, ce qu'il doit a Dieu et a son art.
Et Marie s'enfuit, toute rouge d'indignation, a la pensee du role humiliant
qu'on voulait faire jouer a Francois.
Le lendemain, le soleil se leva radieux a l'horizon. L'espace qu'il allait
parcourir s'etendait devant lui, pur et libre de tout nuage. Il semblait
que le ciel eut voulu celebrer sa bienvenue en ecartant tout ce qui pouvait
nuire a son eclat.
Lorsque Francois se reveilla, ses yeux furent eblouis par un ray
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