n assez embarrasse du silence
d'Henri Montredon... Mais... tu aimes Marie?
--Plus que la gloire!
--Eh bien, je te l'accorderai en mariage...
Le jeune homme tomba aux genoux du maitre de l'oeuvre.
--Le jour ou l'on posera la derniere pierre de l'eglise de Norrey.
--Cependant, dit Francois, je ne puis sans un temps raisonnable...
--Si tu aimes vraiment ma fille, tu hateras les travaux, tu presseras les
ouvriers. Rien n'est impossible a l'amour. D'ailleurs je ne reviens pas sur
ma parole. Voila mes conditions!
--Et voici les miennes! dit Marie d'une voix assuree en entrant dans la
chambre avec la veuve Regnault.
Pierre Vardouin devint horriblement pale. Il voulut saisir sa fille et
l'entrainer. Mais elle glissa dans ses doigts, courut vers Francois, le
prit par la main et le conduisit devant un Christ en pierre attache a la
muraille. Les spectateurs de cette scene etaient sous le coup d'emotions si
violentes, que pas un d'entre eux ne trouva la force d'exprimer sa colere,
son etonnement ou son admiration.
--Voyez-vous cette image du Sauveur? dit Marie en montrant le Christ a
Francois. Quelle expression de souffrance! quelle resignation divine!
quelle sublime bonte dans ce regard d'agonisant! Celui qui a pu travailler
une matiere ingrate, de facon qu'il en ressortit un si poignant embleme de
la passion de Jesus, celui-la,--n'est-ce pas,--devait etre un merveilleux
sculpteur, un des princes de son art? Non, c'etait un simple ouvrier. Eh
bien! le fils de cet homme inspire vient d'etre nomme maitre de l'oeuvre.
Et ce fils... c'est vous, Francois; car ce Christ est l'ouvrage de votre
pere. Ferez-vous injure a sa memoire? oublierez-vous ses lecons?
consentirez-vous a faire une oeuvre indigne de lui, indigne de vous? Non,
Francois!... Que votre travail merite l'admiration des hommes; que votre
amour pour moi devienne une source feconde d'inspirations; qu'il ne soit
pas une entrave au developpement de votre genie. Ne vous pressez pas,
consacrez a votre entreprise tout le temps qu'elle exige. Je saurai bien
attendre. Et je vous jure aujourd'hui, en face de cette figure du Christ,
de ne jamais donner ma main a un autre que vous!
Le rayonnement du bonheur illuminait le front de Francois. Il tomba aux
genoux de Marie. Il essaya de prendre une de ses mains pour la couvrir de
baisers. Mais la jeune fille se deroba a ces marques d'amour et, se
tournant resolument du cote de Pierre Vardouin:
--Mon pere, dit-elle, je
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