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arreta et saisit avec emotion les mains des deux artistes. --C'est ici qu'il faut nous separer, dit-il tristement. --Deja! s'ecria Victor. --Vous etes fatigue? dit Leon. --Il m'est penible de vous quitter, repondit M. Landry, car je commencais a vous aimer. Je me serais bientot arroge le droit de vous donner des conseils; de vous dire, a vous, Leon, de combattre avec energie votre malheureuse disposition au decouragement; a vous, Victor, de savoir mettre parfois un frein a votre imagination. Mais il ne faut pas y songer. Helas! mes amis, se rencontrer, sympathiser, s'estimer, se dire qu'on ne voudrait jamais se quitter et se quitter aussitot, n'est-ce pas la vie? Nous aurions le ciel sur la terre si les ames qui sympathisent entre elles n'etaient jamais condamnees a se separer. Encore! ajouta M. Landry, en allongeant le bras dans la direction du cimetiere de St-Leger, encore doit-on se croire heureux, lorsque la mort n'est pas la cause d'une cruelle separation. Les deux artistes n'insisterent pas davantage pour retenir M. Landry. Ils avaient compris qu'il avait dans le voisinage un souvenir douloureux. Ils lui serrerent une derniere fois la main, lui dirent un dernier adieu et se remirent tristement en route. * * * * * L'HOTEL FORTUNE I Le Reve. A moitie route environ de Caen a Bayeux, le voyageur qui se dirige vers cette derniere ville rencontre sur la droite, au bas de deux cotes assez roides, une maison dont la facade, tournee du cote du chemin, regarde une prairie qui semble s'etendre a perte de vue dans la direction d'Audrieu. Le site n'a rien d'enchanteur; mais il a cela de bon qu'il repose un peu les yeux de l'aspect monotone des terres en labour. Tout un peuple d'animaux domestique s'agite et murmure dans la cour qui separe la ferme du grand chemin. Dans une mare alimentee par un petit ruisseau, les canards jouissent des delices du bain, tandis que les porcs, moins delicats, disparaissent jusqu'au grouin dans la bourbe noire des engrais. Ailleurs les oies dorment tranquillement sur une patte, le cou replie et cache sous l'aile, dans le voisinage d'un dindon qui fait la roue aupres de sa femelle. Plus loin, c'est un chat qui jongle avec une souris avant de lui donner le dernier coup de dent. Aupres de la barriere, c'est un chien de garde qui tend sa chaine en aboyant. Seul, au milieu de tout ce bruit, de tout ce mouvement, un ane ne se
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