on de
soleil qui, apres avoir traverse la fente d'un des contrevents, venait se
briser au-dessus de son lit contre la muraille. Il sauta a terre, presque
honteux de sa paresse, s'habilla lestement et courut ouvrir la fenetre. Une
brise tiede et chargee d'aromes penetra dans l'appartement. Le jeune homme
aspira avec force cet air vivifiant.
--La belle matinee! s'ecria-t-il en promenant lentement son regard sur
l'azur du ciel.
--Helas! la journee ne lui ressemblera pas! dit tristement la mere de
Francois, qui s'etait approchee sans bruit.
Francois saisit les mains de sa mere dans les siennes. Dieu sait seul ce
qu'il y eut de regrets, de douleur dans ce serrement de mains et dans le
regard qu'ils echangerent tous les deux. Cette nouvelle emotion allait
peut-etre ebranler la resolution du jeune homme. Ses reves d'avenir, ses
projets de voyage, le mystere d'une vie inconnue, tout cela n'avait plus
pour lui le meme charme qu'au moment de la colere. Il sentait tout ce qu'il
allait perdre. Il ne voyait pas ce qu'il allait gagner. Il repassa
rapidement dans sa memoire les evenements de la soiree. La conduite de
Pierre Vardouin ne lui paraissait plus aussi odieuse que la veille. Il se
reconnaissait meme des torts. Mais, pour rien au monde, il n'eut consenti a
faire les premieres avances. La perspective d'une telle humiliation lui
rendit toute son energie. Il s'approcha du havre-sac qui contenait ses
vetements et ceux de sa mere. Il le jeta sur son dos, empoigna le baton
dont son pere se servait quand il se mettait en route et, prenant sa plus
grosse voix, afin de dissimuler son envie de pleurer:
--Ma mere, dit-il, voici l'heure ou les travailleurs se rendent aux champs.
Il est temps de partir.
La veuve se cacha la tete dans les mains.
--Partons, ma mere! reprit Francois d'un ton moins assure.
La pauvre femme ne repondit pas; elle eclata en sanglots. Son fils lui
tendait la main droite, tandis que de l'autre il retenait ses larmes.
--Mere, dit-il tout bas, de maniere a ne rien laisser voir de la douleur
qui le suffoquait, venez-vous?
--Quoi! vous partez sans moi? dit une voix douce comme celle qu'on prete
aux anges.
Francois et sa mere, dans leur foi naive, crurent en effet que, touche de
leur douleur, le ciel leur envoyait un de ses messagers.
Ils se retournerent et, surpris, reconnurent Marie.
La jeune fille etait encadree dans la baie de la porte, au milieu de la
vigne vierge, dont les feuilles laissai
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