ent percer de place en place quelque
joyeuse petite fleur de clematite. Elle etait rayonnante de beaute. Placee
ainsi, elle ressemblait, s'il nous est permis d'emprunter notre comparaison
a une epoque plus rapprochee de nous, a ces portraits de jeunes femmes, que
les artistes du dix-huitieme siecle se plaisaient a entourer de guirlandes
de fleurs.
Marie se jeta dans les bras de la veuve Regnault.
--Mechants! disait-elle en pleurant, mechants qui vouliez abandonner votre
petite Marie!
Francois etait reste sur le seuil de la porte. Tout a coup il poussa un
grand cri et rentra precipitamment dans la chambre.
--Qu'y a-t-il? demanderent les deux femmes.
--Pierre Vardouin! s'ecria Francois hors de lui. Il s'avance de notre cote.
--Quel malheur si mon pere me surprenait ici! dit Marie.
--Venez! lui dit la veuve Regnault.
Elle l'entraina dans la chambre voisine.
Lorsqu'il vit le maitre de l'oeuvre entrer d'un pas resolu dans la maison,
Francois porta instinctivement la main a son coeur, comme pour en comprimer
les battements. Il etait trop jeune, et ses passions etaient trop vives
pour que son emotion echappat a un oeil aussi exerce que celui de Pierre
Vardouin. L'attitude de l'apprenti n'exprimait pas le defi; mais elle etait
pleine de noblesse et de fierte. Il se decouvrit, par respect pour les
cheveux blancs du maitre de l'oeuvre, et garda le silence. Il attendait une
explication. Pierre Vardouin comprit qu'il n'obtiendrait rien du jeune
homme, s'il ne lui adressait pas les excuses auxquelles il savait,
d'ailleurs, qu'il avait droit. Il s'avanca donc a sa rencontre en lui
tendant la main.
--Francois, dit-il, l'offense etait grave,--je le sais,--mais irreflechie.
Voici la main qui vous a frappe. Voulez-vous la serrer, comme celle d'un
ami qui reconnait ses torts?
Le jeune homme repondit par une etreinte cordiale, mais tout en conservant
une certaine retenue et sans manifester d'etonnement. Cette froideur deplut
au maitre de l'oeuvre.
--Garderais-tu un vieux levain de rancune contre moi? demanda-t-il.
--Dieu m'en preserve! dit Francois. Seulement j'ai peine a croire que je
doive la visite de Pierre Vardouin a un but desinteresse. J'attends donc
l'explication de sa demarche.
--Tu as vraiment une penetration remarquable pour ton age, Francois.
Parlons donc franchement. Veux-tu rentrer dans mon chantier?
--Non! repondit Francois avec fermete. Vous me rendez votre amitie, et je
vous en suis reconna
|