FREE BOOKS

Author's List




PREV.   NEXT  
|<   33   34   35   36   37   38   39   40   41   42   43   44   45   46   47   48   49   50   51   52   53   54   55   56   57  
58   59   60   61   62   63   64   65   66   67   68   69   70   71   72   73   74   75   76   77   78   79   80   81   82   >>   >|  
bre et de moi-meme. Ils nouaient et tortillaient autour de mon ame une farandole tourbillonnante et, des lors, le temps s'arretait au milieu de l'eternite comme un navire paralytique sur une mer de sirop. Cela durait jusqu'a ce que ma mere vint ouvrir doucement la porte, non sans avoir fait trois ou quatre fois: "hum! hum!" Alors les reves filaient comme des rats sous la commode et la torpeur me desertait. --Louis, disait maman, veux-tu que je fasse ton menage? --Oui, oui, criais-je en me hatant de me vetir. Le savon avait seche sur mes joues, il ne me restait plus assez de temps pour me raser. Je passais, au galop, ma veste et mes chaussures et sortais de la chambre en disant: --Je m'en vais aller voir cette place d'expeditionnaire. Tu sais? Cette etude d'avoue.... --Va, mon Louis, repondait maman en remuant a pleins bras le lit de plumes et le traversin, comme si ces objets n'eussent pas ete habites par une multitude de figures vivantes que j'etais seul a connaitre. Je prenais mon chapeau et ma canne, bien qu'on m'eut, lors d'une recente demarche, fait observer que, pour un employe, la canne donnait une allure "amateur" peu recommandable, et je tirais derriere moi la porte du logement. A peine cette porte fermee, je voyais la clarte louche de l'escalier s'animer d'une foule d'images rampantes, bondissantes, caressantes. Mes demons etaient la. Ils m'attendaient, comme des chiens qui veulent etre emmenes a la promenade. Ils m'entouraient en jappant, me lechaient les mains, sautaient a mes trousses et, tout en descendant les marches humides et usees, je me debattais entre mille reves fabuleux, comme un noye qui coule a pic. VIII Je m'en allais au hasard des rues, et la journee etait devant moi comme un desert calcine, sans horizon et sans surprises. Ceux qui disent que la vie est courte, ils me font rire, entendez-vous, rire, rire! Ce sont les annees qui sont courtes, mais les minutes sont longues et ma vie, a moi, n'est faite que de minutes. Je suivais le trottoir, marchant de preference sur la bordure de granit. Je laissais le bout de ma canne tremper dans le ruisseau. J'aime les ruisseaux des rues. Ils coulent sur des paves et tarissent a heure fixe, je sais; ils ne naissent pas d'une source, mais d'un robinet de fonte. Tant pis! On n'a jamais que la poesie qu'on merite. J'ai passe une partie de mon enfance, malgre ma pauvre maman, a pecher des epingles rouillees et des boutons de bottin
PREV.   NEXT  
|<   33   34   35   36   37   38   39   40   41   42   43   44   45   46   47   48   49   50   51   52   53   54   55   56   57  
58   59   60   61   62   63   64   65   66   67   68   69   70   71   72   73   74   75   76   77   78   79   80   81   82   >>   >|  



Top keywords:

minutes

 

descendant

 

allais

 

marches

 

hasard

 

bottin

 

debattais

 

fabuleux

 

trousses

 
humides

jappant
 

animer

 

images

 
rampantes
 

caressantes

 

bondissantes

 
escalier
 

louche

 
fermee
 

voyais


clarte
 

pauvre

 

promenade

 

emmenes

 

entouraient

 

lechaient

 

malgre

 

veulent

 

etaient

 

demons


attendaient

 

chiens

 

pecher

 
sautaient
 

epingles

 

coulent

 

ruisseaux

 
tarissent
 

ruisseau

 
laissais

granit
 
tremper
 

merite

 

boutons

 

rouillees

 

robinet

 

jamais

 

poesie

 
naissent
 

source