FREE BOOKS

Author's List




PREV.   NEXT  
|<   54   55   56   57   58   59   60   61   62   63   64   65   66   67   68   69   70   71   72   73   74   75   76   77   78  
79   80   81   82   83   84   85   86   87   88   89   90   91   92   93   >>  
il n'y a plus de place. Moi, je m'appelle Lhuilier. Je vous dis ca tout de suite, bien qu'en general je ne le dise pas: c'est un nom qui m'a cause des desagrements. Je cherche une place ou je pourrais travailler un peu pour moi. C'est tres dur: Paris n'est pas si grand qu'on le croit. Il marchait a mes cotes; j'entendais, entre les bouts de phrase, sa respiration courte et rauque, comme celle d'un homme tourmente par une bronchite incurable. Il toussait d'ailleurs et crachait presque sans arret. --Voulez-vous faire une cigarette? dit-il en me tendant un cornet de tabac. Comme nous allumions nos cigarettes, il eut un grele sourire: --C'est du tabac de la Maubert: Mon voisin de dortoir est ramasseur; il travaille pour le gros de l'Impasse. C'est du tabac mele, bien entendu, mais point mauvais, en general, et doux, peut-etre parce qu'une partie en a ete lavee par les pluies. Chez le gros de l'Impasse, j'ai vu parfois des tas de tabac! Un metre cube au moins dans un coin de la chambre. On se demande ce qu'il faut de megots pour faire une telle masse. Bah! C'est toujours du tabac, et pas cher, vous savez. Je fumai ma cigarette avec une espece d'horreur. Ce qui est dur dans la misere, c'est l'apprentissage, et j'etais encore un novice. Je regardais de temps en temps mon compagnon et je pensais: "Voila! voila! dans dix ans, je serai comme celui-la". L'homme trottinait a mes cotes et ne cessait de parler. Sa voix fripee conservait, grace au zezaiement sans doute, des sonorites pueriles et tendres. Il me regardait souvent et comme il est petit, son regard s'elevait pour m'atteindre: l'oeil unique jetait alors une clarte humide et suppliante qui me serrait le coeur. Nous atteignimes la rue des Halles, dont toutes les maisons semblent impregnees d'une immonde odeur de choux gates. Mon compagnon s'arreta devant une porte cochere. --Je vais, dit-il, vous montrer le chemin, puisque vous n'etes jamais venu. Il y avait une cour, encombree de voitures a bras, de caisses et d'objets sans nom; puis il y avait un escalier si noir et si puant qu'il semblait perce a meme un bloc de crasse. Au premier etage, mon compagnon, essouffle deja, empoigna un bouton de porte. --C'est la. Entrons vite, et pas trop de bruit a cause du macaque. Nous entrames. Imaginez une grande salle eclairee par trois fenetres aux vitres troubles et larmoyantes. Une salle d'ecole, mais pour de vieux ecoliers, pour de pitoyables fantomes d'ec
PREV.   NEXT  
|<   54   55   56   57   58   59   60   61   62   63   64   65   66   67   68   69   70   71   72   73   74   75   76   77   78  
79   80   81   82   83   84   85   86   87   88   89   90   91   92   93   >>  



Top keywords:

compagnon

 

cigarette

 
Impasse
 

general

 

toutes

 

atteignimes

 

cessait

 

Halles

 

impregnees

 
semblent

trottinait

 
immonde
 
maisons
 
serrait
 
regard
 

elevait

 

atteindre

 

zezaiement

 

arreta

 

regardait


pueriles

 

sonorites

 

souvent

 

humide

 

clarte

 

suppliante

 

parler

 

tendres

 
conservait
 

unique


jetait

 

fripee

 

objets

 

entrames

 
macaque
 
Imaginez
 

grande

 
eclairee
 
empoigna
 

bouton


Entrons
 
fenetres
 

ecoliers

 

pitoyables

 

fantomes

 

vitres

 

troubles

 

larmoyantes

 

essouffle

 

encombree