it fait elle-meme deux robes neuves:
la premiere de percale, ornee d'une simple broderie, et la seconde de
mousseline-gaze, garnie de roses printanieres, ses fleurs favorites,
et qui toutes etaient l'ouvrage de ses mains. Elle avouait ingenument
qu'elle se faisait une fete de soutenir la haute idee qu'en se fait dans
les petites villes de l'elegance des dames qui habitent la capitale de
la province, et que, disait-elle en riant, il etait de son devoir de
dignement representer.
Arrive enfin le jour du voyage projete: c'etait la veille du mariage en
question. M. de Sorlis fit conduire des le matin sa voiture chez madame
Darmont, afin qu'elle put profiter d'une partie de la bache qui restait
vide, et y faire placer les divers objets composant la toilette de
ces dames. On y mit en effet le linge et tous les vetements qui ne
craignaient pas d'etre chiffonnes; mais impossible d'y deposer des robes
garnies de blondes et de fleurs. On ferma donc la bache, sur laquelle on
posa un grand carton contenant les chapeaux, les differents chales des
quatre voyageuses; et l'on placa derriere la voiture une caisse couverte
d'une toile ciree, contenant les robes qui exigeaient le plus de
precautions. Mesdames du Cange et Darmont occuperent le fond de la
berline, M. de Sorlis se placa sur le devant avec Octavie et Fanni.
On etait a l'equinoxe, au commencement de l'automne; et quoiqu'il ne
fallut a peu pres que sept heures de route a M. de Sorlis pour se rendre
a sa manufacture, situee entre Loches et Chatillon, il desirait partir
sitot apres le dejeuner, afin de pouvoir faire reposer ses chevaux
a moitie chemin, et etre rendu d'assez bonne heure pour veiller par
lui-meme aux preparatifs de la ceremonie du lendemain. Mais le depart
de quatre femmes peu habituees a voyager, et dont la moitie avait des
pretentions de toilette, est sujet a bien des retards. Ce fut donc en
vain qu'a midi precis M. de Sorlis entra dans sa voiture, attelee
du trois vigoureux chevaux conduits par un habile postillon; madame
Darmont, chez laquelle on devait se reunir, n'en finissait point de ses
precautions, de ses preparatifs; et sa chere Octavie craignait tant
d'oublier la moindre chose necessaire a sa toilette, que, malgre les
instances reiterees de M. de Sorlis et la juste impatience qu'il
temoignait, on ne put partir qu'a deux heures; et, par consequent, l'on
n'arriva qu'a neuf heures a la manufacture, ou nos voyageurs furent
recus avec les demonstrations de
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