oix si cheres qu' j'avons r'connues sans peine! J'ons a
l'instant meme laisse not' pauvre enfant a la grace de Dieu, pour voler
a vot' secours, bien decides a vous sauver ou a perir avec vous."
Caroline et Pamela furent vivement touchees du devouement de ces
excellentes gens; elles se feliciterent plus que jamais d'avoir pu leur
etre utiles, et reconnurent que le bien qu'on fait, meme a la classe
la plus obscure du peuple, reste fidelement grave dans sa memoire, se
propage de bouche en bouche, nous attire la consideration publique, et
peut contribuer, dans les evenements de la vie, a notre salut et a notre
conservation.
LA NOCE DE VILLAGE.
Il est de ces anciens usages qu'il faut respecter dans toutes les
classes de la societe. Chaque etat a ses prerogatives, ses vieilles
habitudes; les enfreindre, c'est manquer a la foi juree et transmise de
famille en famille; s'en moquer, c'est insulter aux bonnes gens qui se
font un devoir de les observer; c'est s'exposer a de justes represailles
qui nous rendent quelquefois le jouet de ceux que nous avons dedaignes.
Hortense et Celine de Saint-Marc, filles d'un colonel du genie,
habitaient une terre situee pres de Montbazon, a trois lieues de la
capitale de la Touraine. L'une et l'autre habituees des leur enfance,
par leur digne pere, a honorer toutes les professions utiles, a porter
une estime sincere a l'agriculteur qui contribue autant a la prosperite
de la patrie en arrosant de sa sueur le champ qu'il cultive, que le
guerrier qui la defend en versant son sang pour elle, Hortense et Celine
se faisaient remarquer par une amenite naive, par cet accueil touchant
et gracieux qu'elles faisaient indistinctement a tous les habitants de
la contree.
Il n'en etait pas ainsi d'Adrienne de Fontenelle, fille unique d'un
directeur general des vivres, qui possedait, a une demi-lieue de la
terre du colonel de Saint-Marc, une magnifique habitation ou se trouvait
reuni tout ce que peuvent desirer le luxe et l'opulence. Madame de
Fontenelle avait toute la morgue d'une enrichie qui s'imagine que la
fortune tient le premier rang dans la societe, et qu'on n'y jouit jamais
que d'une consideration proportionnee a la depense qu'on peut y faire.
On s'attend bien, d'apres ce portrait fidele, a trouver Adrienne elevee
dans des principes entierement contraires a ceux qu'avaient recus les
filles du colonel. Autant celles-ci etaient simples dans leur parure,
d'un commerce affable et communica
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