de fer, repondit a
cette question. Dans un espace de six metres de long sur un peu
plus de trois de large, six lits etaient alignes le long des
cloisons, et, le passage qui restait entre eux au milieu avait a
peine un metre. Six personnes devaient donc passer la nuit la ou
il y avait a peine place pour deux; aussi, bien qu'une petite
fenetre fut ouverte dans le mur oppose a l'entree, respirait-on
des la porte une odeur acre et chaude qui suffoqua Perrine. Mais
elle ne se permit pas une observation, et comme Rosalie disait en
riant:
"Ca vous parait peut-etre un peu petiot?"
Elle se contenta de repondre:
"Un peu.
-- Quatre sous, ce n'est pas cent sous.
-- Bien sur."
Apres tout, mieux encore valait pour elle cette chambre trop
petite que les bois et les champs: puisqu'elle avait supporte
l'odeur de la baraque de Grain de Sel, elle supporterait bien
celle-la sans doute.
"V'la votre lit", dit Rosalie en lui designant celui qui etait
place devant la fenetre.
Ce qu'elle appelait un lit etait une paillasse posee sur quatre
pieds reunis par deux planches et des traverses; un sac tenait
lieu d'oreiller,
"Vous savez, la fougere est fraiche, dit Rosalie, on ne mettrait
pas quelqu'un qui arrive coucher sur de la vieille fougere; ce
n'est pas a faire, quoiqu'on raconte que dans les hotels, les
vrais, on ne se gene pas."
S'il y avait trop de lits dans cette petite chambre, par contre on
n'y voyait pas une seule chaise.
"II y a des clous aux murs, dit Rosalie, repondant a la muette
interrogation de Perrine, c'est tres commode pour accrocher les
vetements."
Il y avait aussi quelques boites et des paniers sous les lits dans
lesquels les locataires qui avaient du linge pouvaient le serrer,
mais, comme ce n'etait pas le cas de Perrine, le clou plante aux
pieds de son lit lui suffisait de reste.
"Vous serez avec des braves gens, dit Rosalie; si la Noyelle cause
dans la nuit, c'est qu'elle aura trop bu, il ne faudra pas y faire
attention: elle est un peu bavarde. Demain, levez-vous avec les
autres; je vous dirai ce que vous devrez faire pour etre
embauchee. Bonsoir.
-- Bonsoir, et merci.
-- Pour vous servir."
Perrine se hata de se deshabiller, heureuse d'etre seule et de
n'avoir pas a subir la curiosite de la chambree. Mais, en se
mettant entre ses draps, elle n'eprouva pas la sensation de bien-
etre sur laquelle elle comptait, tant ils etaient rudes: tisses
avec des copeaux, ils n'eussent pas ete p
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