ain, tandis que
l'autre etait fort occupee a ramener les plis de sa robe.--Gherard jeta
les yeux sur elle; a l'instant toute sa colere se changea en confusion.
Il vint a quelques pas d'elle, s'appuyant sur la cheminee, emu et
inquiet. Apres un moment de silence: "Helene, lui dit-il d'une voix
troublee, je vous ai affligee, et pourtant je vous jure..."--"Moi,
monsieur? non, vous ne m'avez point affligee; vos offenses n'ont pas ce
pouvoir sur moi."--"Helene, eh bien! oui, j'ai eu tort de parler ainsi,
je l'avoue; mais pardonnez-moi..."--"Vous pardonner!... Je n'ai pour
vous ni ressentiment ni pardon, et j'ai deja oublie vos paroles."
"Gherard s'approcha vivement d'elle:--"Helene, lui dit-il en cherchant a
s'emparer de sa main: pour un mot dont je me repens..."--"Laissez-moi,
lui dit-elle en retirant sa main: faudra-t-il que je m'enfuie, et ne
vous suffit-il pas d'une injure?"
"Gherard s'en revint tristement a la cheminee, cachant son front dans
ses mains, puis tout a coup se retourna, les yeux humides de larmes; il
se jeta a ses pieds, et ses mains s'avancaient vers elle, de sorte qu'il
la serrait presque dans ses bras.
"Oui, s'ecria-t-il, je vous ai offensee, je le sais bien; oui, je suis
rude, grossier; mais je vous aime, Helene; oh! cela, je vous defie d'en
douter. Et si vous n'avez pas pitie de moi, vous qui etes si bonne,
Helene, qui reconciliez ceux qui se haissent..." Et voyant qu'elle se
defendait faiblement: "Dites que vous me pardonnez! Faites-moi des
reproches, punissez-moi, chatiez-moi, j'ai tout merite. Oui, vous devez
me chatier comme un enfant grossier. Helene, dit-il en osant poser son
visage sur ses genoux, si vous me frappez, alors je croirai qu'apres
m'avoir puni, vous me pardonnez."
"Gherard etait beau; une de ses joues s'appuyait sur les genoux
d'Helene, tandis que l'autre s'offrait ainsi a la peine. Il etait la,
tombe a ses pieds avec grace, et elle ne se sentit pas la force de
l'obliger a s'eloigner. Elle leva la main et l'abaissa vers son visage;
puis sa tete s'abaissa elle-meme avec sa main: elle sourit doucement en
le voyant ainsi penche sans etre vue de lui. Et sans le vouloir, et en
se laissant aller a son coeur et a sa pensee, qui achevaient le tableau
commence devant ses yeux, sur le visage de Gherard, au lieu de sa main,
elle posa ses levres.
"Elle se leva au meme instant, effrayee de ce qu'elle avait fait, et
cherchant a se degager des bras de Gherard qui l'avaient enlacee. Le
co
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