itique et litteraire etait
alors divise en partis, en ecoles, en salons, en coteries. Farcy regarda
tout et n'epousa rien inconsiderement. Dans les arts et la poesie, il
recherchait le beau, le passionne, le sincere, et faisait la plus grande
part a ce qui venait de l'ame et a ce qui allait a l'ame. En politique,
il adoptait les idees genereuses, propices a la cause des peuples, et
embrassait avec foi les consequences du dogme de la perfectibilite
humaine. Quant aux individus celebres, representants des opinions qu'il
partageait, auteurs des ecrits dont il se nourrissait dans la solitude,
il les aimait, il les reverait sans doute, mais il ne relevait d'aucun,
et, homme comme eux, il savait se conserver en leur presence une liberte
digne et ingenue, aussi eloignee de la revolte que de la flatterie.
Parmi le petit nombre d'articles qu'il insera vers cette epoque au
_Globe_, le morceau sur Benjamin Constant est bien propre a faire
apprecier l'etendue de ses idees politiques et la mesure de son
independance personnelle.
Il n'y avait plus qu'un point secret sur lequel Farcy se sentait
inexperimente encore, et faible, et presque enfant, c'etait l'amour;
cet amour que, durant les tiedes nuits etoilees du tropique, il avait
soupconne devoir etre si doux; cet amour dont il n'avait guere eu en
Italie que les delices sensuelles, et dont son ame, qui avait tout
anticipe, regrettait amerement la puissance tarie et les jeunes tresors.
Il ecrivait dans une note:
"Je rends graces a Dieu;
"De ce qu'il m'a fait homme et non point femme;
"De ce qu'il m'a fait Francais;
"De ce qu'il m'a fait plutot spirituel et spiritualiste que le
contraire, plutot bon que mechant, plutot fort que faible de caractere.
"Je me plains du sort,
"Qui ne m'a donne ni genie, ni richesse, ni naissance.
"Je me plains de moi-meme,
"Qui ai dissipe mon temps, affaibli mes forces, rejete ma pudeur
naturelle, tue en moi la foi et l'amour."
Non, Farcy, ton regret meme l'atteste, non, tu n'avais pas rejete ta
pudeur naturelle; non, tu n'avais pas tue l'amour dans ton ame! Mais
chez toi la pudeur de l'adolescence, qui avait trop aisement cede par le
cote sensuel, s'etait comme infiltree et developpee outre mesure dans
l'esprit, et, au lieu de la male assurance virile qui charme et qui
subjugue, au lieu de ces rapides etincelles du regard,
Qui d'un desir craintif font rougir la beaute[77],
elle s'etait changee avec l'age en defiance de toi-meme
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