duit, ou
plutot developpe, les vers de Pindare:
Comme, aux jours de l'ete, quand d'un ciel calme et pur
Sur la vague aplanie etincelle l'azur,
Le dauphin sur les flots sort et bondit et nage,
S'empressant d'accourir vers l'aimable rivage
Ou, sous des doigts legers, une flute aux doux sons
Vient egayer les mers de ses vives chansons;
Ainsi. . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Andre, dans ses notes, emploie, a diverses reprises, cette expression:
_j'en pourrai faire un_ QUADRO; cela parait vouloir dire un petit
tableau peint; car il etait peintre aussi, comme il nous l'a appris dans
une elegie:
Tantot de mon pinceau les timides essais
Avec d'autres couleurs cherchent d'autres succes.
Et quel plus charmant motif de tableau que cet enfant nu, sous
l'ombrage, au bord d'une mer etincelante, et les dauphins arrivant aux
sons de sa double flute divine! En l'indiquant, j'y vois comme un defi
que quelqu'un de nos jeunes peintres relevera[62].
[Note 62: Peut-etre aussi le poete n'emploie-t-il, en certains cas,
cette expression de _Quadro_ que metaphoriquement et par allusion a son
petit cadre poetique.]
Ailleurs, ce n'est plus le gracieux enfant, c'est Andromede exposee au
bord des flots, qui appelle la muse d'Andre: il cite et transcrit les
admirables vers de Manilius a ce sujet, au Ve livre des _Astronomiques_;
ce supplice d'ou la grace et la pudeur n'ont pas disparu, ce charmant
visage confus, allant chercher une blanche epaule qui le derobe:
Supplicia ipsa decent; nivea cervice reclinis
Molliter ipsa suae custos est sola figurae.
Defluxere sinus humeris, fugitque lacertos
Vestis, et effusi scopulis lusere capilli.
Te circum alcyones pennis planxere volantes, etc.
Andre remarque que c'est en racontant l'histoire d'Andromede a la
troisieme personne que le poete lui adresse brusquement ces vers:
_Te circum_, etc., sans la nommer en aucune facon. "C'est tout cela,
ajoute-t-il, qu'il faut imiter. Le traducteur met les alcyons volants
autour de _vous, infortunee Princesse_. Cela ote de la grace." Je ne
crois pas abuser du lecteur en l'initiant ainsi a la rhetorique secrete
d'Andre[63].
[Note 63: Il disait encore dans ce meme exquis sentiment de la
diction poetique: "La huitieme epigramme de Theocrite est belle
(Epitaphe de Cleonice); elle finit ainsi: Malheureux Cleonice, sous le
propre coucher des Pleiades, _cum Pleiadibus, occidisti_. Il faut la
traduire et rendre l'opposition de
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