rone d'amour!
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Il resulte, pour moi, de cette quantite d'indications et de glanures que
je suis bien loin d'epuiser, il doit resulter pour tous, ce me semble,
que, maintenant que la gloire de Chenier est etablie et permet, sur son
compte, d'oser tout desirer, il y a lieu veritablement a une edition
plus complete et definitive de ses oeuvres, ou l'on profiterait des
travaux anterieurs en y ajoutant beaucoup. J'ai souvent pense a cet
_ideal_ d'edition pour ce charmant poete, qu'on appellera, si l'on veut,
le classique de la decadence, mais qui est, certes, notre plus grand
classique en vers depuis Racine et Boileau. Puisque je suis aujourd'hui
dans les esquisses et les projets d'idylle et d'elegie, je veux
esquisser aussi ce projet d'edition qui est parfois mon idylle. En tete
donc se verrait, pour la premiere fois, le portrait d'Andre d'apres le
precieux tableau que possede M. de Cailleux, et qu'il vient, dit-on, de
faire graver, pour en assurer l'image unique aux amis du poete. Puis on
recueillerait les divers morceaux et les temoignages interessants sur
Andre, a commencer par les courtes, mais consacrantes paroles, dans
lesquelles l'auteur du _Genie du Christianisme_ l'a tout d'abord revele
a la France, comme dans l'aureole de l'echafaud. Viendrait alors la
notice que M. de Latouche a mise dans l'edition de 1819, et d'autres
morceaux ecrits depuis, dans lesquels ce serait une gloire pour nous que
d'entrer pour une part, mais ou surtout il ne faudrait pas omettre
quelques pages de M. Brizeux, inserees autrefois au _Globe_ sur le
portrait, une lettre de M. de Latour sur une edition de Malherbe annotee
en marge par Andre (_Revue de Paris_ 1834), le jugement porte ici meme
(_Revue des Deux Mondes_) par M. Planche, et enfin quelques pages, s'il
se peut, detachees du poetique episode de _Stello_ par M. de Vigny. On
traiterait, en un mot, Andre comme un _ancien_, sur lequel on ne sait
que peu, et aux oeuvres de qui on rattache pieusement et curieusement
tous les jugements, les indices et temoignages. Il y aurait a completer
peut-etre, sur plusieurs points, les renseignements biographiques;
quelques personnes qui ont connu Andre vivent encore; son neveu, M.
Gabriel de Chenier, a qui deja nous devons tant pour ce travail, a
conserve des traditions de famille bien precises. Une note qu'il me
communique m'apprend quelques particularites de plus sur la mere des
Chenier, cette spirituelle et belle Grecque, qui marqua a jamais a
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