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mers de Byzance l'etoile d'Andre. Elle s'appelait Santi-L'homaka; elle
etait propre soeur (chose piquante!) de la grand'mere de M. Thiers. Il
se trouve ainsi qu'Andre Chenier est oncle, a la mode de Bretagne, de M.
Thiers par les femmes, et on y verra, si l'on veut, apres coup, un
pronostic. Andre a pris de la Grece le cote poetique, ideal, reveur, le
culte chaste de la muse au sein des doctes vallees: mais n'y aurait-il
rien, dans celui que nous connaissons, de la vivacite, des hardiesses
et des ressources quelque peu versatiles d'un de ces hommes d'Etat qui
parurent vers la fin de la guerre du Peloponese, et, pour tout dire en
bon langage, n'est-ce donc pas quelqu'un des plus spirituels princes de
la parole athenienne?
Mais je reviens a mon idylle, a mon edition oisive. Il serait bon
d'y joindre un petit precis contenant, en deux pages, l'histoire des
manuscrits. C'est un point a fixer (prenez-y garde), et qui devient
presque douteux a l'egard d'Andre, comme s'il etait veritablement un
ancien. Il s'est accredite, parmi quelques admirateurs du poete, un
bruit, que l'edition de 1833 semble avoir consacre; on a parle de trois
portefeuilles, dans lesquels il aurait classe ses diverses oeuvres par
ordre de progres et d'achevement: les deux premiers de ces portefeuilles
se seraient perdus, et nous ne possederions que le dernier, le plus
miserable, duquel pourtant on aurait tire toutes ces belles choses. J'ai
toujours eu peine a me figurer cela. L'examen des manuscrits restants
m'a rendu cette supposition de plus en plus difficile a concevoir. Je
trouve, en effet, sans sortir du residu que nous possedons, les diverses
manieres des trois pretendus portefeuilles: par exemple, l'idylle
intitulee _la Liberte_ s'y trouve d'abord dans un simple canevas de
prose, puis en vers, avec la date precise du jour et de l'heure ou elle
fut commencee et achevee. La preface que le poete aurait esquissee pour
le portefeuille perdu, et qui a ete introduite pour la premiere fois
dans l'edition de 1833 (tome I, page 23), prouverait au plus un projet
de choix et de copie au net, comme en meditent tous les auteurs. Bref,
je me borne a dire, sur _les trois portefeuilles_, que je ne les ai
jamais bien concus; qu'aujourd'hui que j'ai vu l'unique, c'est moins que
jamais mon impression de croire aux autres, et que j'ai en cela
pour garant l'opinion formelle de M. G. de Chenier, depositaire des
traditions de famille, et temoin des premiers depouillem
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