a dague et l'abattit sur l'epaule d'Hercule
Sfondrato.
Puis Montalte s'elanca au-dehors.
Sous le coup, Hercule Sfondrato etait tombe sur les genoux. Mais presque
aussitot il se releva, defit rapidement son pourpoint et constata que
le poignard de Montalte n'avait pu traverser la cotte de mailles qui
couvrait sa poitrine. Hercule eut un sourire terrible:
"Ces chemises d'acier que l'on fabrique a Milan sont vraiment de bonne
trempe. Je tiens le coup pour recu, Montalte! et je te jure que ma dague
a moi saura trouver le chemin de ton coeur!"
Montalte s'etait elance dans le passage couvert qui reliait le Vatican
au chateau Saint-Ange. Il parvint au cachot ou Fausta vaincue attendait
l'heure de mourir et s'approcha en tremblant de la porte que gardaient
deux hallebardiers. Les deux soldats eurent un geste comme pour croiser
les hallebardes. Mais, sans doute, puissante etait, dans le Vatican,
l'autorite du neveu de Sixte-Quint, car les deux gardes reculerent
Montalte ouvrit le guichet qui permettait de surveiller l'interieur du
cachot.
Et voici ce que, a travers ce guichet, vit alors le cardinal Montalte...
Fugitive, rapide et effrayante vision.
Sur un lit etroit etait etendue une jeune femme... La jeune mere...
elle... Fausta... un etre eblouissant de beaute. Dans ses deux mains
elle a saisi l'enfant et elle l'eleve d un geste de force et de douceur,
et elle le contemple de ses yeux larges et profonds.
Au pied du lit se tient une suivante.
Et Fausta, d'une voix etrangement calme, prononce:
--Myrthis, tu le prendras, tu l'emporteras loin de Rome. N'aie crainte,
nul ne s'opposera a ta sortie du chateau Saint-Ange: j'ai obtenu cela
que, moi morte, meure aussi la vengeance de Sixte-Quint.
--Je n'aurai nulle crainte, repondit Myrthis avec une sorte de ferveur
exaltee. Puisque, vous morte, je dois vivre encore, je vivrai pour lui.
Fausta esquisse un signe de tete comme pour prendre acte de cette
promesse. Une minute, elle garde le silence; puis, les yeux fixes sur
l'enfant, elle ajouta:
--Fils de Fausta!... Fils de Pardaillan!... que seras-tu?... Ta mere, en
mourant, te donne le baiser d'orgueil et de force par quoi elle espere
que son ame passera dans ton etre!...
C'est fini. Myrthis a pris dans ses bras l'enfant qu'elle doit emporter
loin de l'Italie, le fils de Fausta le fils de Pardaillan. Et elle se
recule, et elle se detourne comme pour cacher a l'innocent petit etre, a
peine entre dans la vie, l
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