ter le chevalier a la suivre et
penetra dans l'interieur.
Pardaillan ebloui, transporte en pays de reve et de mystere, palpitait
voyant le trone et la tiare.
Fausta s'arreta dans cette facon de boudoir ou elle avait recu le duc de
Guise et qui etait sans doute destine aux etrangers. Elle s'assit sur ce
siege de satin blanc ou sa beaute fatale prenait un relief de precieuse
medaille. Et, avant que Pardaillan fut revenu de son etonnement:
--Monsieur le chevalier, dit-elle, c'est vous qui, sur la place de
Greve, avez tenu tete a M. le duc de Guise, et avez joue ce tour dont
tout Paris a parle.
--Moi, madame? s'ecria Pardaillan, jouant la stupefaction, etes-vous
bien sure que ce soit moi?...
--J'ai tout vu; du haut d'une fenetre, je prenais plaisir a voir la
place encombree de bateleurs et de marchands... j'ai tout vu, et je
viens de vous reconnaitre.
--En ce cas, madame, je me garderai bien de vous contredire. Ce serait
vous donner une pietre idee de cette gentilhommerie francaise que vous
etes venue etudier sur place.
Pardaillan, son premier etonnement passe, redevenait maitre de lui-meme.
Il avait une physionomie de naivete ingenue et paisible. Quant a Fausta,
il etait impossible de savoir ce qu'elle pensait. Mais, pour la premiere
fois, elle voyait un homme soutenir son regard avec une dignite melee
d'une impassible ironie...
--Monsieur, dit-elle, sur la place de Greve, je vous ai admire... Votre
epee est sure, monsieur; mais votre coup d'oeil est encore plus sur.
Venons donc au fait.
"Que va-t-il m'arriver?" se dit Pardaillan.
--Lorsque, sur la place de Greve, je vous ai vu a l'oeuvre, continua
Fausta en essayant vainement de faire baisser les yeux du chevalier,
j'ai pris aussitot la resolution de m'enquerir de vous et de vous
connaitre. Le hasard me sert a souhait, M. de Guise doit vous hair. S'il
vous hait depuis longtemps, raison de plus pour faire votre paix avec
lui...
--Vous voulez dire, madame, qu'il serait sage a lui de faire sa paix
avec moi?
Fausta jeta un regard plus aigu sur la figure de cet homme qui osait
parler ainsi du maitre de Paris.
--Monsieur, dit-elle tout a coup, si vous voulez mettre votre epee
au service du duc de Guise, je vous jure, moi, que non seulement il
oubliera tout ressentiment, mais encore qu'il fera de vous un puissant
seigneur...
--Il faudra donc, dit paisiblement le chevalier, qu'il touche cette main
que voici?
--Il la touchera, fit-elle en souri
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