la saison des
debarquemens me determinait a quitter la Syrie.
Le 23 messidor, cent voiles, dont plusieurs de guerre, se presentent
devant Alexandrie, et mouillent a Aboukir. Le 27, l'ennemi debarque,
prend d'assaut, et avec une intrepidite singuliere, la redoute
palissadee d'Aboukir. Le fort capitule; l'ennemi debarque son artillerie
de campagne, et, renforce par cinquante voiles, il prend position,
sa droite appuyee a la mer, sa gauche au lac Maadieh, sur de hautes
collines de sable.
Je pars de mon camp des Pyramides le 27, j'arrive le 1er thermidor a
Rahmanieh, je choisis Birket pour le centre de mes operations, et, le 7
thermidor, a sept heures du matin, je me trouve en presence de l'ennemi.
Le general Lannes marche le long du lac, et se range en bataille
vis-a-vis la gauche de l'ennemi, dans le temps que le general Murat, qui
commande l'avant-garde, fait attaquer la droite par le general Destaing:
il est soutenu par le general Lanusse.
Une belle plaine de quatre cents toises separe les ailes de l'armee
ennemie; notre cavalerie y penetre, et, avec la rapidite de la pensee,
se trouve sur les derrieres de la gauche et de la droite de l'ennemi,
qui, sabre, culbute, se noie dans la mer: pas un n'echappe. Si c'eut ete
une armee europeenne, nous eussions fait trois mille prisonniers: ici ce
furent trois mille hommes morts.
La seconde ligne de l'ennemi, situee a cinq ou six cents toises, occupe
une position formidable. L'isthme est la extremement etroit; il etait
retranche avec le plus grand soin, flanque par trente chaloupes
canonnieres: en avant de cette position, l'ennemi occupait le village
d'Aboukir, qu'il avait crenele et barricade. Le general Murat force le
village, le general Lannes, avec la vingt-deuxieme et une partie de
la soixante-neuvieme, se porte sur la gauche de l'ennemi; le general
Fugieres, en colonnes serrees, attaque la droite. La defense et
l'attaque sont egalement vives, mais l'intrepide cavalerie du general
Murat a resolu d'avoir le principal honneur de cette journee; elle
charge l'ennemi sur sa gauche, se porte sur les derrieres de la droite,
la surprend a un mauvais passage; et en fait une horrible boucherie.
Le citoyen Bernard, chef de bataillon de la soixante-neuvieme, et le
citoyen Baylle, capitaine de grenadiers de cette demi-brigade, entrent
les premiers dans la redoute, et par la se couvrent de gloire.
Toute la seconde ligne de l'ennemi, comme la premiere, reste sur le
champ de ba
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