ja en possession de la clef
a tete de cuivre._
-- Ca n'est pas possible! fit doucement M. Stangerson.
-- C'est si bien possible, monsieur, qu'en voici la preuve."
Ce diable de petit bonhomme sortit alors de sa poche un numero de
_L'Epoque_ date du 21 octobre (je rappelle que le crime a eu lieu
dans la nuit du 24 au 25), et, nous montrant une annonce, lut:
"-- Il a ete perdu hier un reticule de satin noir dans les grands
magasins de la Louve. Ce reticule contenait divers objets dont une
petite clef a tete de cuivre. Il sera donne une forte recompense a
la personne qui l'aura trouvee. Cette personne devra ecrire, poste
restante, au bureau 40, a cette adresse: M.A. T.H.S.N." Ces
lettres ne designent-elles point, continua le reporter, Mlle
Stangerson? Cette clef a tete de cuivre n'est-elle point cette
clef-ci? ... Je lis toujours les annonces. Dans mon metier, comme
dans le votre, monsieur le juge d'instruction, il faut toujours
lire les petites annonces personnelles... Ce qu'on y decouvre
d'intrigues! ... et de clefs d'intrigues! Qui ne sont pas toujours
a tete de cuivre, et qui n'en sont pas moins interessantes. Cette
annonce, particulierement, par la sorte de mystere dont la femme
qui avait perdu une clef, objet peu compromettant, s'entourait,
m'avait frappe. Comme elle tenait a cette clef! Comme elle
promettait une forte recompense! Et je songeai a ces six lettres:
M.A.T.H.S.N. Les quatre premieres m'indiquaient tout de suite un
prenom."Evidemment, faisais-je, "Math, Mathilde ..." la personne
qui a perdu la clef a tete de cuivre, dans un reticule, s'appelle
Mathilde! ..." Mais je ne pus rien faire des deux dernieres
lettres. Aussi, rejetant le journal, je m'occupai d'autre chose...
Lorsque, quatre jours plus tard, les journaux du soir parurent
avec d'enormes manchettes annoncant l'assassinat de Mlle MATHILDE
STANGERSON, ce nom de Mathilde me rappela, sans que je fisse aucun
effort pour cela, machinalement, les lettres de l'annonce.
Intrigue un peu, je demandai le numero de ce jour-la a
l'administration. J'avais oublie les deux dernieres lettres: S N.
Quand je les revis, je ne pus retenir un cri"Stangerson! ..." Je
sautai dans un fiacre et me precipitai au bureau 40. Je demandai:
"Avez-vous une lettre avec cette adresse: M.A.T.H.S.N!" L'employe
me repondit: "Non!" Et comme j'insistais, le priant, le suppliant
de chercher encore, il me dit: "Ah! ca, monsieur, c'est une
plaisanterie! ... Oui, j'ai eu une lettre a
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