ondit Marguerite.
-- Alors, dit Henri, je verrai demain M. d'Alencon; que de Mouy
soit a son poste et comprenne a demi-mot.
-- Il y sera, Sire.
-- Eh bien, monsieur de la Mole, dit Henri, allez lui porter ma
reponse. Vous avez sans doute dans les environs un cheval, un
serviteur?
-- Orthon est la qui m'attend sur le quai.
-- Allez le rejoindre, monsieur le comte. Oh! non point par la
fenetre; c'est bon dans les occasions extremes. Vous pourriez etre
vu, et comme on ne saurait pas que c'est pour moi que vous vous
exposez ainsi, vous compromettriez la reine.
-- Mais par ou, Sire?
-- Si vous ne pouvez pas entrer seul au Louvre, vous en pouvez
sortir avec moi, qui ai le mot d'ordre. Vous avez votre manteau,
j'ai le mien; nous nous envelopperons tous deux, et nous
traverserons le guichet sans difficulte. D'ailleurs, je serai aise
de donner quelques ordres particuliers a Orthon. Attendez ici, je
vais voir s'il n'y a personne dans les corridors.
Henri, de l'air du monde le plus naturel, sortit pour aller
explorer le chemin. La Mole resta seul avec la reine.
-- Oh! quand vous reverrai-je? dit La Mole.
-- Demain soir si nous fuyons: un de ces soirs, dans la maison de
la rue Cloche-Percee, si nous ne fuyons pas.
-- Monsieur de la Mole, dit Henri en rentrant, vous pouvez venir,
il n'y a personne. La Mole s'inclina respectueusement devant la
reine.
-- Donnez-lui votre main a baiser, madame, dit Henri; monsieur de
La Mole n'est pas un serviteur ordinaire. Marguerite obeit.
-- A propos, dit Henri, serrez l'echelle de corde avec soin; c'est
un meuble precieux pour des conspirateurs; et, au moment ou l'on
s'y attend le moins, on peut avoir besoin de s'en servir. Venez,
monsieur de la Mole, venez.
XII
Les ambassadeurs
Le lendemain toute la population de Paris s'etait portee vers le
faubourg Saint-Antoine, par lequel il avait ete decide que les
ambassadeurs polonais feraient leur entree. Une haie de Suisses
contenait la foule, et des detachements de cavaliers protegeaient
la circulation des seigneurs et des dames de la cour qui se
portaient au-devant du cortege.
Bientot parut, a la hauteur de l'abbaye Saint-Antoine, une troupe
de cavaliers vetus de rouge et de jaune, avec des bonnets et des
manteaux fourres, et tenant a la main des sabres larges et
recourbes comme les cimeterres des Turcs.
Les officiers marchaient sur le flanc des lignes.
Derriere cette premiere troupe en venait une seco
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