s n'etions pas encore Oreste et
Pylade?
-- Bien, je ferai porter ma lettre au Louvre par notre hote. En ce
moment le panneau s'ouvrit.
-- Eh bien, demanderent ensemble les deux princesses, ou sont
Oreste et Pylade?
-- Mordi! madame, repondit Coconnas, Pylade et Oreste meurent de
faim et d'amour.
Ce fut effectivement maitre La Huriere qui, le lendemain a neuf
heures du matin, porta au Louvre la respectueuse missive de maitre
Annibal de Coconnas.
XIV
Orthon
Henri, meme apres le refus du duc d'Alencon qui remettait tout en
question, jusqu'a son existence, etait devenu, s'il etait
possible, encore plus grand ami du prince qu'il ne l'etait
auparavant.
Catherine conclut de cette intimite que les deux princes non
seulement s'entendaient, mais encore conspiraient ensemble. Elle
interrogea la-dessus Marguerite; mais Marguerite etait sa digne
fille, et la reine de Navarre, dont le principal talent etait
d'eviter une explication scabreuse, se garda si bien des questions
de sa mere, qu'apres avoir repondu a toutes, elle la laissa plus
embarrassee qu'auparavant.
La Florentine n'eut donc plus pour la conduire que cet instinct
intrigant qu'elle avait apporte de la Toscane, le plus intrigant
des petits Etats de cette epoque, et ce sentiment de haine qu'elle
avait puise a la cour de France, qui etait la cour la plus divisee
d'interets et d'opinions de ce temps.
Elle comprit d'abord qu'une partie de la force du Bearnais lui
venait de son alliance avec le duc d'Alencon, et elle resolut de
l'isoler.
Du jour ou elle eut pris cette resolution, elle entoura son fils
avec la patience et le talent du pecheur, qui, lorsqu'il a laisse
tomber les plombs loin du poisson, les traine insensiblement
jusqu'a ce que de tous cotes ils aient enveloppe sa proie.
Le duc Francois s'apercut de ce redoublement de caresses, et de
son cote fit un pas vers sa mere. Quant a Henri, il feignit de ne
rien voir, et surveilla son allie de plus pres qu'il ne l'avait
fait encore.
Chacun attendait un evenement.
Or, tandis que chacun etait dans l'attente de cet evenement,
certain pour les uns, probable pour les autres, un matin que le
soleil s'etait leve rose et distillant cette tiede chaleur et ce
doux parfum qui annonce un beau jour, un homme pale, appuye sur un
baton et marchant peniblement, sortit d'une petite maison sise
derriere l'Arsenal et s'achemina par la rue du Petit-Musc.
Vers la porte Saint-Antoine, et apres avoir lo
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