on de l'eloignement du roi, pour conduire ce
qui lui restait de troupes en Poitou et en Gascogne, ou il recut les
hommages de ceux de ses sujets qui relevaient de lui a cause de son
duche de Guyenne. Etant ensuite revenu en Bretagne, et voyant que son
sejour en France lui serait desormais inutile, apres ce qui venait de
se passer a Compiegne, il repassa la mer et arriva a Portsmouth au mois
d'octobre, fort chagrin d'avoir fait une excessive depense, et perdu par
les maladies beaucoup de ses officiers.
Le depart du roi d'Angleterre laissait le comte de Bretagne expose a
toute la vengeance du roi; mais le comte de Dreux, fort empresse a tirer
son frere du danger ou il etait, obtint sa grace du roi, qui voulut
bien, par bonte, accorder au comte de Bretagne une treve de trois
annees, qui fut conclue au mois de juillet 1231.
Le roi et l'etat firent, cette annee, deux grandes pertes par la mort
des deux seigneurs les plus illustres et les plus distingues pour leur
valeur dans les armees, et dans les conseils par leur prudence. Je veux
parler de Mathieu II de Montmorency, qui exerca la charge de connetable
sous trois rois avec la plus grande fidelite, et du celebre Garin,
chancelier de France.
Montmorency avait accompagne Philippe-Auguste dans l'expedition qu'il
fit en Palestine avec Richard, roi d'Angleterre, contre les infideles.
Il contribua beaucoup a la fameuse victoire que Philippe remporta a
Bouvines, dans laquelle Montmorency prit seize bannieres, en memoire
de quoi, au lieu de quatre alerions qu'il portait dans ses armoiries,
Philippe voulut qu'il en mit seize.
Montmorency commanda depuis aux sieges de Niort, de Saint-Jean-d'Angely,
de La Rochelle, et de plusieurs autres places qu'il prit sur les
Anglais. Quoique l'histoire ne nous apprenne pas le nom du gouverneur de
saint Louis, pendant sa minorite, il ne faut pas douter, que Montmorency
n'en fit les fonctions. Louis VIII, etant au lit de la mort, pria ce
seigneur d'assister de ses forces et de ses conseils le jeune Louis:
Mathieu le lui promit; et, fidele a sa parole, il reduisit les
mecontens, soit par la force, soit par sa prudence, a se soumettre au
roi et a la regente sa mere. Quoique Louis n'eut encore que quinze ans,
il accompagnait, dans toutes les expeditions militaires, Montmorency,
qui lui apprenait le metier de la guerre, dans laquelle ce jeune prince
devint un des plus experimentes capitaines de l'Europe. L'histoire nous
apprend que Montmorency
|