s de laquelle une
peninsule s'avancait a l'est & au nord, comme on voit aujourd'hui le
cap Cod depasser au nord-est l'ile Nantucket; Leif s'engagea dans le
detroit, puis trouvant au-dela un lieu favorable, il forma pres d'une
petite riviere un etablissement pour explorer a son aise le pays; &
comme on rencontra dans les environs de Leifsbudir, la vigne croissant
spontanement, on donna a cette contree le nom de Vinland; c'est
aujourd'hui le Rhode-Island & la region voisine. Apres avoir pris un
chargement de bois de construction, Leif revint au printemps de 1001 au
Groenland, & pendant une douzaine d'annees encore les freres Thorwald &
Thorstein, sa belle-soeur Gudrida remariee a Thorfinn Karlsefne, & enfin
sa vaillante soeur Freydisa, firent diverses expeditions semblables au
Vinland; mais l'hostilite des sauvages indigenes les fit renoncer
a poursuivre ces armements periodiques. D'autres, sans doute, les
reprirent a leur tour, & les etablissements fondes par Leif & par
Thorfinn se developperent a la longue d'une maniere permanente, puisque
l'eveque groenlandais Erik s'y rendit lui-meme, en 1121 afin de pourvoir
aux besoins spirituels de la colonie.
Les sagas du Nord ont conserve quelques autres traces des relations
qui se continuerent entre le Groenland & la cote opposee: en 1266 des
navires furent envoyes en reconnaissance par dela les stations de peche
les plus avancees, jusqu'a la hauteur, pense-t-on, du detroit de Barrow;
en 1285 deux ecclesiastiques islandais, Adalbrand & Thorwald Helgason,
naviguaient a l'ouest jusqu'a Terre-Neuve, designee en cette
circonstance par les chroniqueurs sous le nom de Fundu-nyia-land, qui se
retrouve tout entier dans la forme anglaise actuelle de New-Foundland;
enfin, en 1347, un voyage de dix-sept Groenlandais au Markland fut
contrarie au retour par une tempete qui entraina le navire en Islande;
& la narration qu'on en faisait en 1356 montre que le pays de Markland
etait alors encore frequente par les Scandinaves. Mais il n'en est plus
question dans leurs histoires ulterieures.
IV
Un recit venitien, venu a la lumiere apres un trop long oubli, peut
neanmoins, sans trop de scrupule, etre admis en appendice a la suite de
ces souvenirs des navigations scandinaves; je veux parler des lambeaux
d'une correspondance de famille emanee des freres Nicolas & Antoine
Zeni, qui s'etaient etablis vers 1390 aux Faer-oer, ou comme on disait
alors, en Frislande, & naviguerent successivement pend
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