ierement la cote comprise de 40 deg.
a 41 deg. de latitude, un peu en-deca & un peu au-dela, y enleva un grand
nombre d'habitants pour en faire des esclaves, poussa ensuite sa
navigation, a ce qu'on dit, jusqu'au cap Ras, & revint, apres une
absence de dix mois, desarmer a la Corogne, d'ou il se rendit a Tolede
en novembre, precede de la fausse nouvelle qu'il apportait du girofle,
tandis qu'il n'amenait en realite que des esclaves: meprise nee d'un
jeu de mots involontaire qui avait substitue clavos a esclavos. Et les
cosmographes espagnols donnerent le nom de Tierra de Estevan Gomez a
la contree qu'il avait reconnue & pillee, entre celle du licencie Luc
Vasquez de Ayllon & les pecheries bretonnes.
XI.
Les Anglais de leur cote renouvelerent leurs tentatives: un riche
commercant de Bristol etabli a Seville, fils de l'un des associes de
Hugues Elyot dans l'armement de 1503 pour Terre-Neuve, Robert Thorne,
qui venait de prendre un interet materiel considerable dans l'entreprise
de Sebastien Cabot par le sud en 1526, adressait peu de temps apres au
roi Henri VIII, un memoire pour signaler a son attention l'avantage que
l'Angleterre aurait sur les Espagnols & les Portugais si elle
decouvrait un passage par le nord-ouest vers les iles aux epices; & sur
l'invitation du reverend Edouard Lee, envoye de Henri VIII aupres
de Charles-Quint, il remettait a cet ambassadeur des considerations
etendues & developpees, pour le meme objet.
Quelle qu'ait pu etre l'influence de ces ecrits sur les determinations
royales, toujours est-il que deux navires, le Samson & la Mary de
Guilford, quittant la Tamise le 20 mai 1527, & partant definitivement de
Plymouth le 10 juin, sous le commandement de Jean Rut, firent voile vers
le nord jusqu'au 1er juillet, qu'ils furent assaillis dans la nuit par
un violent orage; la tempete les separa, & fit probablement sombrer le
Samson, qui ne reparut plus; deux jours apres par 53 deg. de latitude, la
Mary, drossee par les glaces redescendait vers 52 deg. elle apercut la
terre; elle atteignit un havre bien abrite, & s'y arreta dix jours pour
faire de l'eau. Comme, au depart des deux navires, le rendez-vous
avait ete donne en cas de separation accidentelle, au cap de Sper de
Terre-Neuve, ou l'on devait s'attendre mutuellement durant six semaines,
Rut gouverna au sud pour s'y rendre, & vint mouiller le 3 aout dans la
baye de Saint-Jean, ou il trouva onze navires de peche normands, un
breton & deux portugais
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