ouvelles et les deux groupes de leurs
croyants, restaient en grand nombre, et resterent toujours, ceux que
l'evolution de pensee que je viens d'indiquer n'avait pas entraines
jusqu'a son terme, les hommes du "pur" XVIIIe siecle, les hommes a la
d'Holbach, qui s'en tenaient a la pure negation, et qui se refuserent a
n'abandonner un culte que pour en embrasser un autre.--Plus tard et la
pure et simple negation, comme trop seche et trop attristante; et le
sentiment et la raison, comme choses trop evidemment individuelles, et
qui sont trop autres d'un homme a un autre, pour etre de vrais liens des
ames, _relligiones_, et soupconnees de n'etre devenues des divinites
que par un effort singulier et un coup de force d'abstraction, devaient
cesser d'exercer un empire sur les esprits; et l'on s'essaya a revenir a
l'ancienne foi, ou a se mettre en marche vers d'autres solutions encore
ou expedients.
Mais il etait important de marquer la derniere borne du stade parcouru
par le XVIIIe siecle, et celle surtout ou il a comme "tourne". On a fait
remarquer, et avec grande raison[2], que le XVIIIe siecle, a le prendre
en general, et avec beaucoup de complaisance, avait eu une irreligion
plutot deiste, tandis que l'irreligion du XVIIe siecle etait athee.
Cette vue est tres ingenieuse, et elle est presque vraie. La minorite
irreligieuse du XVIIe siecle nie Dieu; la majorite irreligieuse du
XVIIIe siecle, je n'oserais trop dire croit en Dieu, mais aime a y
croire.
[Note 2: Vinet, _Histoire de la litterature francaise au XVIIIe
siecle.--Appendice: Les moralistes francais au XVIIIe siecle_.]
La raison c'est precisement qu'elle est majorite. Tout parti qui reussit
devient conservateur, et toute doctrine qui a du succes se moralise et
s'epure et s'eleve autant que sa nature et son essence le comportent. Le
succes est une responsabilite, et se fait sentir comme tel. Une doctrine
qui a des partisans, a mesure que le nombre en augmente, sent qu'elle a
charge d'ames, cherche a aboutir a une morale, et a prendre au moins un
air et une dignite theocratique. C'est pour cela que la philosophie du
XVIIIe siecle, et d'assez bonne heure, menagea au moins le mot Dieu,
sous lequel on sait qu'on peut faire entendre tant de choses; et
toujours et de plus en plus transforma en veritables objets de culte,
sanctifia et divinisa les instruments memes de sa critique, et les armes
memes de sa rebellion.
Voila comme le fond commun et l'esprit general du siec
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