ulation et a obstrue une artere.
--La mort a ete foudroyante?
--Absolument.
Il s'etablit un moment de silence, et le notaire, emu lui-meme par son
recit, ne fit rien pour distraire la douleur de son ancien camarade,
qu'il voyait profonde; enfin il reprit:
--Je t'ai dit que Gaston s'etait montre en ces dernieres annees triste
et sombre; je dois revenir la-dessus, car ce point est pour toi d'un
interet capital; mais, quel que soit mon desir de l'eclaircir, je ne le
pourrai pas, attendu que pour beaucoup de choses j'en suis reduit a des
hypotheses, et que tous les raisonnements du monde ne valent pas des
faits; or, les faits precis me manquent. Bien que, comme je te l'ai dit,
Gaston ne m'ait jamais fait de franches confidences, les causes de son
chagrin et de son inquietude ne sont pas douteuses pour moi: elles
provenaient pour une part de votre rupture, pour une autre d'un doute
qui a empoisonne sa vie.
--Un doute?
--Celui qui portait sur la question de savoir s'il etait ou n'etait pas
le pere du capitaine Sixte.
--Comment...
--Nous allons arriver au capitaine tout a l'heure; vidons d'abord ce qui
te regarde. Si tu as ete affecte de la rupture avec ton frere, lui n'en
a pas moins souffert, et peut-etre meme plus encore que toi, attendu
que, tandis que tu etais passif, il etait actif; tu ne pouvais que
supporter cette rupture, lui pouvait la faire cesser, n'ayant qu'un mot
a dire pour cela, et luttant par consequent pour savoir s'il le dirait
ou ne le dirait pas; j'ai ete le temoin de ces luttes; je puis
t'affirmer qu'il en etait tres malheureux; positivement, elles ont ete
le tourment de ses dernieres annees.
--Nous nous etions si tendrement aimes.
--Et il t'aimait toujours.
--Comment ne s'est-il pas laisse toucher par mes lettres?
--C'est qu'a ce moment il payait les interets de la somme dont il avait
repondu pour toi, et que l'ennui de cette depense le maintenait dans son
etat d'exasperation et son ressentiment.
--Pour lui, cette depense etait cependant peu de chose.
--Il faut que tu saches, et je peux le dire maintenant, que precisement,
lorsque les echeances des interets de la garantie arriverent, Gaston
venait de perdre une grosse somme dans un cercle a Pau qu'il ne put
payer qu'en empruntant. Cela embrouilla ses affaires; il se trouva gene.
Il le fut bien plus encore quand, par suite du phylloxera d'abord et du
mildew ensuite, le produit de ses vignes fut reduit a neant. Un autre a
s
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