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La lecture infirme ou confirme donc le jugement porte par le spectateur
apres la representation. La plupart des pieces dont le comique touche a
l'extravagance nous paraissent en effet, des qu'elles sont imprimees,
d'une telle platitude que nous avons peine a comprendre le plaisir que
nous avons pu y prendre. Au contraire, la lecture des comedies de M.
Labiche, meme des plus folles, ajoute encore a leur valeur en mettant en
relief la finesse et la justesse d'observation de l'auteur. La lecture
est donc la veritable pierre de touche des oeuvres dramatiques.
Ainsi, nous revenons, par un autre chemin et en nous appuyant de
l'experience physiologique et psychologique, aux propositions que nous
avons emises precedemment. L'art dramatique ne peut se soustraire aux
lois qui dominent notre etre tout entier. Quand nous sommes sollicites a
la fois par un plaisir de l'esprit et par un plaisir des sens, nous ne
pouvons nous dedoubler et jouir integralement et egalement de l'un et
de l'autre; nous nous abandonnons, a celui qui s'impose avec le plus
de force, de meme que de deux douleurs, la plus forte eteint la plus
faible. Il y a donc dans l'art theatral une juste balance a tenir, un
etat d'equilibre a observer. Pour monter telle piece, c'est faire acte
de gout que de temperer l'eclat de la mise en scene; pour monter telle
autre piece, c'est faire acte d'habilete que de detourner l'attention du
spectateur en agitant un lambeau de pourpre a ses yeux.
CHAPITRE VII
Competence litteraire necessaire a un directeur de
theatre.--Etablissement theorique des frais generaux de mise eu
scene.--L'art dramatique exigerait des vues a longue portee.
Nous avons jusqu'a present insiste sur ce fait que l'effet
representatif, obtenu par la mise en scene, devait etre inversement
proportionnel a la valeur intrinseque de l'oeuvre dramatique. En un
mot, il faut contre-balancer, par l'emploi des arts accessoires, ce que
l'effet direct de la poesie sur l'esprit du spectateur serait impuissant
a obtenir. Ainsi il arrive assez souvent que dans une piece ayant une
valeur intrinseque incontestable, mais dont les differents actes ont
une puissance dramatique inegale, on est oblige de masquer la langueur
momentanee de l'action par un habile deploiement de mise en scene. Ce
qui domine donc tout d'abord la mise en scene d'une oeuvre dramatique,
c'est le jugement litteraire qu'en porte le directeur charge des soins
et de la responsabilite de la rep
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