de rien_. Si j'ai choisi comme exemple un
repas de theatre, c'est que la mise en scene en est toujours perilleuse.
Il ne faut insister que sur les details qui ont un lien etroit avec
l'action; des que l'attention du public se detourne vers quelque
autre objet, il faut que le repas s'efface et prenne fin. D'ailleurs
l'observation du temps exact n'est jamais necessaire au theatre. Comme
dans la vie reelle, le spectateur perd la notion du temps des que son
attention est detournee; il perd alors de vue ce concept abstrait pour
lequel il ne possede pas d'unite de mesure absolue.
C'est cette loi de proportion qui permet de simplifier le materiel
figuratif, en ne se preoccupant que des principaux objets qui le
composent et en traitant les autres beaucoup plus sommairement et meme
en les releguant parmi la partie decorative. Ainsi, si quelques livres
d'une bibliotheque sont destines a jouer un role special, a etre
deplaces et replaces, ils devront reellement figurer sur un rayon, mais
il ne sera pas necessaire que les autres parties de la bibliotheque
soient composees de livres veritables. Des dos de volumes peints sur des
rayons egalement peints constitueront une imitation suffisante. C'est ce
que beaucoup de spectateurs ont pu observer au second acte du _Marquis
de Villemer_. Dans un trophee d'armes, toutes n'auront pas besoin d'etre
reelles, si toutes ne doivent pas eveiller une egale attention dans
l'esprit du public.
Cette loi de proportion est souvent difficile a appliquer avec sagacite
et montre avec quel soin prealable il faut faire le depart de tout ce
que doit comprendre la partie decorative et de tous les objets qui
doivent composer le materiel figuratif. Cette loi empeche la mise en
scene de degenerer en une exhibition inutile ou encombrante et maintient
les yeux du spectateur sur les objets qui ont une reelle importance.
Un habile directeur de theatre arrive ainsi a produire une illusion
parfaite en ne cherchant la perfection d'imitation que pour les objets
qui doivent fixer l'attention du spectateur. Quand, par exemple, on
examine a ce point de vue la decoration du premier acte des _Rantzau_,
on remarque tout d'abord une grande abondance dans l'ensemble decoratif.
L'impression de l'interieur du vieil instituteur alsacien est tres vive;
rien n'y manque de ce qui peut nous raconter l'histoire de sa vie de
famille et de travail, depuis le berceau jusqu'a la bibliotheque et aux
collections de papillons. Mais ce n'e
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