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magnifiquement vetu; mais ici il nous apparait comme un emule d'Hercule,
un coureur d'aventures heroiques, un rude guerrier, a peine echappe des
prisons d'Epire. L'aspect de Thesee doit etre fruste et farouche, et ne
pas eveiller en nous l'idee d'un Agamemnon majestueux et glorieux; il ne
nous apparait pas au milieu d'un camp, entoure de son peuple et escorte
de heros, mais accompagne de quelques compagnons rudes comme lui,
portant la trace des revers qu'il vient d'essuyer. Rien dans son costume
ne doit sentir la parade. Son casque doit etre sans panache ni cimier;
ses armes, ses cnemides, fortes, d'un aspect plus solide que brillant.
Par-dessus sa tunique, j'aimerais lui voir une casaque de guerre, sur
laquelle pourrait alors flotter le royal manteau de pourpre. Surtout ce
manteau devrait etre taille dans un tissu un peu epais, afin d'avoir
l'aspect d'un vetement de campement, propre aux embuscades et aux nuits
passees dans les gorges sauvages des montagnes. Mais tel qu'il apparait
au debut de la piece, tel il doit rester jusqu'au denouement. Une
tragedie domestique l'attend au seuil de son palais; et l'inceste se
dresse devant lui, sans lui laisser le temps de la reflexion. Son aspect
farouche doit d'ailleurs imprimer dans l'esprit des spectateurs une idee
de rudesse inexorable; or modifier quoi que ce soit dans le costume sous
lequel il nous apparait, substituer a ce vetement de soldat un plus
riche costume de roi, ce serait en quelque sorte laisser planer l'espoir
d'une magnanimite qui n'est pas dans son caractere entier et violent. La
marche de l'action exige donc l'uniformite dans le costume de Thesee, ce
qui est admis d'ailleurs, mais reclame qu'on en eteigne tous les eclats.
Le costume d'Hippolyte ne me parait pas preter a la critique; il est
ce qu'il doit etre, jeune et elegant dans sa simplicite. Il consiste
uniquement dans une tunique de laine blanche. Mais il est un detail sur
lequel j'appellerai l'attention de l'acteur charge de ce role, et dont
je dois parler, puisqu'il se rapporte precisement a la mise en scene.
Hippolyte parait deux fois, son arc a la main, notamment dans la
premiere scene, lorsqu'il ouvre la tragedie avec ce vers:
Le dessein en est pris, je pars, cher Theramene.
C'est meme sans doute ce vers qui est cause de l'erreur. Hippolyte fait
part a Theramene du dessein qu'il a forme de partir a la recherche de
son pere, et de partir sans delai, voulant se soustraire aux charmes de
la je
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