du decorateur,
exerce en general par des perspecteurs tres habiles, qui usent de
differents procedes pour masquer les contacts entre les personnages et
les decors trop lointains.
Toutefois, comme cet art presente des difficultes quelquefois
insurmontables, il est necessaire que le metteur en scene aide
le decorateur a eviter a l'oeil du spectateur la necessite d'une
coordination impossible. Dans les cas ou cette conjonction de
perspectives se produit, on remarquera combien l'acteur, tout en se
trouvant demesurement grandi, perd en importance dramatique. L'illusion
qui nous faisait voir en lui un personnage du drame, faisant corps avec
le milieu figure, cree par le poete et le decorateur, s'evanouit en un
instant, et nous n'avons plus devant les yeux qu'une marionnette trop
grande, se promenant dans un theatre d'enfant.
Tous les spectateurs ont souvent remarque combien est maigre l'effet
representatif d'objets qui, appartenant censement a l'un des plans
representes en peinture sur la toile de fond, semblent s'en detacher et
viennent jouer un role sur le plan horizontal de la scene. Je citerai
surtout les navires dont les proportions sont toujours ridicules par
rapport aux personnages qui s'approchent d'eux. Ce sont la de ces
contradictions sceniques qu'on doit considerer comme absolument
mauvaises: c'est de l'art incoherent. De meme sont les chevaux qui
entrent sur la scene en longeant la toile de fond; ils font l'effet
grotesque d'animaux demesures. D'ailleurs, pour d'autres raisons qui
tiennent a l'essence meme de l'art dramatique, l'exhibition d'animaux
quelconques sur la scene est absolument antiartistique.
Les conditions scientifiques de la mise en scene et de la decoration
n'admettent donc pas toutes les possibilites reelles; comme tous les
arts, c'est un art qui a ses limites. Souvent un theatre se met en
grands frais pour retomber dans un art absolument enfantin, ou se
coudoient le reel et l'imaginaire. En se placant a un point de vue
litteraire, on peut dire que, des que le poete, par ses inventions
dereglees, impose une mise en scene inconciliable avec les lois pourtant
complaisantes de la perspective theatrale, il fait oeuvre de poete
epique, pour lequel la distance n'existe pas, et non de poete
dramatique, qui doit se renfermer dans le lieu immediat de l'action.
CHAPITRE XI
La decoration doit avoir une valeur generale et non particuliere a un
moment determine.--Moderation dans l'emploi des moy
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