ctuel, n'aura necessairement que les rides que lui infligera l'oeuvre
dramatique elle-meme. Malheureusement, elles seront nombreuses si l'art
continue, comme la societe, a croitre en complexite et en heterogeneite.
CHAPITRE XIX
Lois restrictives de la mise en scene.--De la loi de proportion--Plans
d'importance scenique.--_L'Ami Fritz._--Des repas de
theatre.--Application de la loi au materiel figuratif.
Apres avoir etabli les lois generales de la mise en scene, nous avons,
dans les chapitres precedents, examine les causes diverses qui peuvent
les inflechir. Nous avons vu que toutes ces deviations, quelle qu'en fut
l'importance, derivaient de principes esthetiques, et qu'elles etaient
en realite comme les resultantes de plusieurs forces composees. Pour les
legitimer, on ne peut jamais invoquer le caprice et le gout de l'art
pour l'art. La mise en scene n'a pas sa fin en elle-meme; la cause
finale du drame est la cause formelle de la mise en scene. En partant du
texte d'une oeuvre dramatique, on arrive aisement a etablir le minimum
de mise en scene necessaire. Mais, quand on veut tenir compte de toutes
les conditions de nature, de genre, d'epoque et de milieu, qui peuvent
entrainer a de larges accroissements de mise en scene, tant sous le
rapport du personnel que sous celui du materiel figuratif, on peut
legitimement se demander s'il n'y a pas des lois qui imposent une limite
a cette extension; si, en d'autres termes, il n'y a pas, dans chaque
cas, un maximum de mise en scene qu'il n'est pas permis artistiquement
de depasser. On sent combien serait salutaire l'application de telles
lois somptuaires, a une epoque ou le luxe de la mise en scene atteint
des proportions veritablement ruineuses. Or, ces lois semblent en
effet exister. Il en est deux surtout qu'il parait facile d'etablir
theoriquement et qu'observent d'ailleurs, par une intuition tres sure,
les theatres encore soucieux de la question artistique. Ces deux
lois essentielles sont: la premiere, la loi de proportion, que nous
etudierons dans le present chapitre; la seconde, la loi d'apparence,
dont nous reservons l'examen au chapitre suivant.
Si nous regardons d'abord avec attention un paysage, nous nous
apercevrons que la distance a pour effet, dans la nature, de rendre
de moins en moins visibles les nombreux details de chaque objet
et d'eteindre de plus eu plus l'eclat de leurs couleurs par
l'epaississement progressif de la couche d'atmosphere; si ens
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