rspective d'un decor doit etre consideree comme
rationnelle, par rapport du moins a une rangee de spectateurs. Quand
l'acteur est sur l'avant-scene il est a son plan; mais a mesure qu'il
s'avance vers le fond de la scene, il monte, et, par consequent, loin
de diminuer dans la proportion exigee par la perspective du decor, il
semble au contraire grandir et n'est plus en rapport avec les objets
dont les dimensions sont calculees d'apres le plan qu'ils occupent dans
la perspective fuyante de la scene.
C'est un contraste qu'on ne peut entierement eviter, mais qu'il ne faut
pas rechercher de parti pris. Aussi la mise en scene, qui se rapproche
un peu par la de l'art du bas-relief, doit autant que possible maintenir
les acteurs sur les premiers plans et ne pas laisser les jeux de scene,
surtout ceux auxquels participent les personnages principaux, se
prolonger inutilement le long et pres de la toile du fond. En resume,
il y a contradiction entre la perspective trompeuse du decor et la
perspective veritable a laquelle se soumet naturellement l'acteur.
Celui-ci, en parcourant la scene dans le sens de la profondeur, detruit
donc toujours plus ou moins l'illusion habilement produite par le decor.
Dans un tableau, cette contradiction serait absolument choquante et
constituerait une faute grossiere. Au theatre, des considerations de
premier ordre font passer par-dessus cette anomalie. Le spectateur
l'accepte, et quand le personnage en scene captive son attention,
il apercoit vaguement l'incoherence mathematique qu'il y a entre la
decoration et les personnages, mais il concentre ses regards sur ceux-ci
et n'accorde qu'une importance secondaire au milieu fictif qui les
entoure. Toutefois, on concoit que, dans la mesure du possible, il soit
necessaire d'attenuer la disproportion qui existe entre les acteurs et
les objets figures.
Il ressort de la que le decorateur doit eviter dans les derniers plans
la representation d'objets a dimensions determinees, attirant, d'une
maniere trop speciale l'oeil du spectateur; car il peut arriver un
moment ou cet objet se trouve en realite sur le meme plan qu'un des
acteurs, bien qu'il soit cense appartenir a un plan beaucoup plus
eloigne, effet de contraste qui soumettrait a l'esprit une coordination
contradictoire. C'est la d'ailleurs, empressons-nous de l'ajouter, un de
ces details techniques qui ne sont de la competence ni de la direction,
ni du metteur en scene; ils rentrent dans l'art special
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